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Odile Duboc, la chorégraphe qui danse avec ses songes

Quelque 300 danseurs amateurs du Jura suisse et de Franche-Comté se feront les acteurs de leurs «chants intérieurs», aujourd'hui à Delémont et à Bellelay. Séquence décodage d'une aventure chorégraphique ambitieuse baptisée «La pierre et les songes». Follement ambitieuse. Pas de musique. Aucune virtuosité spectaculaire. Et encore moins de décors de théâtre. Juste le chant des oiseaux et la gestuelle de 300 acteurs, danseurs amateurs nullement rodés aux entrechats ou à quelque expression corporelle que ce soit. Juste des hommes et des femmes investissant en d'étranges boléros silencieux des hauts lieux du patrimoine historique de la région. Tel est «La pierre et les songes», expérience chorégraphique transfrontalière qui bouscule tous les codes établis. La pierre, ce sont les sites choisis par Odile Duboc, directrice du Centre chorégraphique national de Franche-Comté, à l'origine du projet; soit le château d'Oricourt en Haute-Saône, la citadelle de Besançon et Baume-les-Messieurs, pour les trois étapes de France voisine où les performances présentées lors des Journées du patrimoine des week-ends derniers ont réuni plus de 6000 spectateurs.

12 déc. 2021, 17:50
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Côté suisse, rendez-vous ce samedi, d'abord à Delémont à 11h sur l'esplanade du Château; puis en fin d'après midi à Bellelay, à 16h, dans les jardins baroques de l'abbatiale. La boucle sera bouclée en mai 2008 avec une sixième et ultime création donnée à la porte de Brisach à Belfort.

Quant aux songes, tout spectateur en détient quelque clé, nous promet Odile Duboc. Grande dame de la danse contemporaine, l'artiste a imaginé ce projet pour ses adieux à la Franche-Comté où elle a dirigé durant 17 ans le Centre national chorégraphique de Belfort. Odile Duboc danse, crée et enseigne depuis 40 ans. Elle a fondé la compagnie Contre Jour, a travaillé avec Patrick Dupond et Marion Ballester, l'Opéra de Paris et l'Opéra de Lyon, initié une formation en danse pour les étudiants en art dramatique... Avec toujours cette envie d'ouvrir de nouveaux champs de réflexion, de «trouver les moyens de faire avancer l'Autre», son credo, son «obsession d'enseignante», dit-elle.

Le projet «La pierre et les songes» s'inscrit dans cette démarche. Agés de 14 à 70 ans, les participants qui viennent du canton du Jura, des Montagnes neuchâteloises, du Jura bernois et de France voisine, ont suivi dix ateliers pendant un an, le temps de s'initier à la méthode Duboc sous la direction d'une vingtaine de danseurs professionnels. Après un travail articulé sur le regard, la respiration, l'écoute de soi et des autres - ce qu'on appelle là-bas «le chant intérieur» - ils ont appris quelques phrases simples du répertoire d'Odile Duboc. A mi-chemin entre la performance de rue et une création plastique, chaque rendez-vous est unique, spécialement conçu en résonance avec un site donné. Car c'est là aussi que réside l'humilité de l'artiste, dans sa volonté de mettre ce déploiement extraordinaire de forces au service d'un patrimoine culturel séculaire, faisant du lieu «l'acteur le plus important de la manifestation». / CFA

Samedi: château de Delémont, de 11h à 12 heures. Abbaye de Bellelay, de 16h à 17 heures. Infos: tél. 078 731 14 98 ou www.contrejour.org
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