Celles et ceux qui avaient trouvé courageux de poser nu, au milieu de centaines de congénères dans le même état, sur les pavés fribourgeois ou les galets neuchâtelois d'Expo.02 peuvent revoir leurs idées reçues: la performance qui est proposée les 18 et 19 août prochain sur un glacier suisse réclame un engagement encore plus grand que celui qui avait été nécessaire lors des ?uvres réalisées par Spencer Tunick en 2001 et 2002: «La barre est placée plus haut, cette fois», a admis Markus Allemann, directeur des campagnes de Greenpeace Suisse, hier devant les médias à Zurich.
L'idée: poser nu - comme toujours avec Spencer Tunick - sur un glacier, qui n'a pas encore été choisi et dont le nom sera dévoilé aux participants environ deux semaines avant le rendez-vous. «Il faut être prêt à payer le déplacement soi-même, éventuellement dormir sur place, puis rester nu sur la glace dans des conditions de sécurité qui seront maximales. Un certain courage sera néanmoins nécessaire», précise l'homme de Greenpeace. Nul besoin en revanche d'être un montagnard aguerri. Une autre photo «de masse», à côté du glacier, est également prévue, pour ceux qui voudraient s'engager sans s'aventurer sur la glace.
La nudité, pour Greenpeace et Spencer Tunick, convient parfaitement pour symboliser le destin des glaciers, à la fois marques de longévité et de vulnérabilité. «Quand on se dénude», explique le photographe, «on se rend compte à quel point le corps est affecté par l'extérieur. Tout l'affecte. Comme le glacier.»
Ayant déjà - «heureux hasard», dit Markus Allemann - traité la thématique du glacier dans une ?uvre de 1998, Spencer Tunick se dit très sensibilisé par la question des ressources en eau. «Je voudrais avoir 50 personnes», note-t-il, «une pour les 50 dernières années qui ont vu les glaciers fondre de 10%».
Spencer Tunick se refuse à être un artiste militant. «Mais je pense que mon travail peut avoir une portée protestataire, même indirecte», explique-t-il. «Je m'engage néanmoins de plus en plus, pour des causes sociales au sens large. Pour l'heure, je me suis fixé une limite: un quart de mes ?uvres peuvent avoir une dimension sociale.» Pourquoi pas davantage? «Parce que je n'obtiendrais peut-être plus d'autorisations de travailler de la part des autorités», lâche-t-il.
«Spencer Tunick et Greenpeace ont beaucoup en commun: ils savent motiver beaucoup de monde à faire des actions bénévoles, courageusement et de façon surprenante», conclut Markus Allemann en aparté. Mais Spencer Tunick revient déjà à la charge: «N'oubliez pas que chaque participant reçoit un tirage de la photo! Et prenez de bonnes chaussures!» /agb-La Liberté
Inscriptions: www.greenpeace.ch/tunickglacier. Dates: 18-19 août, une semaine plus tard en cas de mauvais temps.