critique - PAR Jean Borel
Qui ne rêve de lever un jour les yeux, au petit matin d'une aube printanière, avec au loin l'écho du chant des Syrènes, sur la vaste baie de Naples? C'est là qu'en effet, pour la douceur du climat et la transparence de la lumière, se pressent et se concentrent plus de vingt- huit siècles de culture et de créativité humaines, dont l'efflorescence et les empreintes toujours vivantes font de cette cité mythique l'une des plus prestigieuses métropoles de la Méditerranée.
Et nous voici plongés, au fil des pages de ce livre splendide qui nous ouvre les grilles des châteaux et des palais, les portes des plus belles villas, des églises et des monastères, dans une histoire mouvementée et complexe, avec ses rythmes de croissance et de déclin, de soumission et d'autonomie, de renouveau et de reconstruction successifs, qui fit de Naples la ville contrastée que l'on sait, une plaque tournante où les passions des souverains et les richesses du commerce s'allièrent à l'essor des arts et des lettres.
Longtemps lieu de villégiature des anciens romains épris de culture grecque, convoitée tour à tour par les Ostrogoths et les Byzantins, Naples devint aussi, durant six siècles, capitale d'un royaume auquel elle donna son nom. Elle connut alors sous les Angevins, les Aragonais et les Espagnols un développement tel qu'elle put prétendre au second rang européen derrière Paris
Tout à la fois aristocrate et plébéienne, catholique et frivole, Naples demeure le paradigme par excellence d'une effervescence sociale volcanique où tradition et modernité rivalisent d'inventivité pour rester une référence culturelle de premier plan et maintenir l'attrait d'une ville accueillante. L'Unesco avait donc raison de l'intégrer en 1995 à son riche patrimoine.
«Voir Naples et mourir», dit-on c'est bien cette envie irrésistible que Brigitte Marin et ses collaborateurs donnent aux lecteurs, lesquels ne peuvent que souhaiter qu'à tout jamais, le Vésuve toujours un peu fumant et menaçant n'inquiète plus que le souvenir des Napolitains dont l'insouciance est légendaire.
«Naples»
Brigitte Marin
Ed. Citadelles et Mazenod
495 pages
Beau livre