«Pour moi, l'Afrique représente la naissance de l'humanité en ce que la conscience a surgi de l'ombre», écrit l'artiste espagnol Juan Carlos Bayod Serafini dans la présentation de son travail, actuellement exposé à la galerie 2016, à Hauterive. Intitulée «Àfrica», l'exposition explore les débuts de la conscience humaine.
«Le début de la conscience, c'est l'étonnement, la captation de mouvements», commente Michel Rousson, collaborateur de la galerie. Le tableau est sombre, d'un gris terreux. Quelques jets de peinture rouge le traversent cependant, comme des étoiles filantes qui signifieraient les premières étincelles de la conscience. Un quadrillage tracé dans la peinture commence à émerger. On remarque une forme ovale dessinée en creux, signe récurrent dans la quarantaine d'uvres exposées. «Cela représente l'arrière de la tête, le cerveau primitif: c'est de là que naît la captation de la conscience», explique Michel Rousson.
Sur «les premières lettres», des signes africains dans les teintes rouge-brun commencent à apparaître dans le gris sombre de la conscience, encore prise en étau entre le blanc et le noir. Mais la représentation de motifs africains reste discrète. Elle n'émerge plus explicitement que dans les «gardiens de la mémoire», une série de pièces entre peinture et sculpture rappelant des totems ancestraux ou des instruments de musique. Le voyage dans l'évolution de la conscience progresse.
Accrochés sur la paroi d'en face, les «gardiens de la tradition» frappent par l'absence justement de celle-ci. Les formats rectangulaires allongés sont totalement habillés de gris. Sur la forme représentant la tête, un grillage, en métal cette fois-ci, métaphore du processus mystérieux d'accession à la conscience. Dans l'impossibilité des mots, l'art devient pour Serafini le seul moyen d'en parler.
Outre un côté «intellectuel», une autre caractéristique de sa peinture, c'est sa construction très géométrique. Un carré gris au milieu duquel la forme ovale revient encore. Sur les côtés, des coups de pinceaux désinvoltes, un côté blanc, un côté noir, comme pour signifier un stade intermédiaire de la conscience.
Dans l'uvre de Serafini, l'«Àfrica» reste apparemment discrète. Mais elle est bien là dans les couleurs terreuses, du gris au rouge en passant par les bruns; présente dans la texture même de la peinture, jamais lisse, mais rugueuse, craquelée comme la terre.
Hauterive, galerie 2016, jusqu'au 26 octobre