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«Je peux gagner à Turin»

«ATurin, je peux gagner» tonne l'un, deuxième. «Je sais que je peux être champion olympique» se convainc l'autre, troisième. Et pourtant. A 26 jours de ce fameux jeudi 16 février, où le successeur du grand Alexei Yagudin sera connu, Evgueni Plushenko, à Lyon, a pris un ascendant psychologique sur ses deux principaux rivaux, Stéphane Lambiel et Brian Joubert, en remportant de manière seigneuriale son cinquième titre européen.

23 janv. 2006, 12:00
Une attente de 25 ans

Sur la musique du «Parrain», le sphinx de Sibérie a livré un libre quasi parfait, à la seule exception d'un triple salchow qui s'est transformé en double en fin de programme, que le Russe, complètement lessivé, a terminé sur les genoux. «Après trois minutes, j'étais complètement cuit, je n'avais presque plus de forces» confesse-t-il, lui qui, fiévreux, avait été contraint de garder le lit durant plusieurs jours juste avant de débarquer à Lyon.

Le verdict de ces championnats d'Europe, ultime grand test avant le rendez-vous olympique de Turin, n'aura pourtant pas déçu Stéphane Lambiel.

D'une part parce que le champion du monde en titre, auteur d'une toute grande performance, a décroché sa première médaille sur le plan continental, ramenant ainsi du même coup le patinage helvétique sur un podium européen qu'il n'avait plus eu l'occasion de squatter depuis un quart de siècle et l'or de Denise Biellmann en 1981 à Innsbruck.

D'autre part parce que le Valaisan s'est rassuré en parvenant enfin à maîtriser le triple axel, «ce qui clouera le bec à ses détracteurs», s'est réjoui son professeur, Peter Grütter, à qui on rappellera pourtant que son élève a buté sur cet élément huit fois sur dix cette saison en compétition officielle.

«Sa marge de progression reste réelle»

Il est vrai que Stéphane Lambiel a toutes les raisons de se montrer satisfait. Sur la musique des «Quatre-Saisons», il s'est fait l'auteur d'une prestation remarquable mais pas parfaite cependant, car émaillée de quatre petites erreurs: un retournement sur le triple toeloop de sa combinaison, une main qui traîne sur la glace sur sa seconde quadruple boucle piquée et, bien plus étonnant, deux accrocs inattendus en toute fin de programme sur deux séquences de pas. «J'étais en pleine euphorie, j'ai été inattentif» avoue-t-il, en s'empressant d'ajouter: «Rassurez-vous, cela me servira de leçon et ne m'arrivera plus!»

Toujours est-il que Stéphane Lambiel a récolté un excellent score technique (77,22 points). Le Valaisan, doté d'une condition physique irréprochable, a eu l'audace de placer quatre difficultés majeures en seconde partie de programme contre trois à Joubert et deux seulement au convalescent Plushenko. Il a ainsi bénéficié d'un bonus de points non négligeable. «Surtout, le fait que Stéphane n'a pas exécuté le programme parfait est plutôt prometteur dans l'optique de Turin, juge Peter Grütter. Sa marge de progression reste réelle, il peut se rapprocher de Plushenko.»

Joubert rassuré

C'est également ce que se dit sans doute Brian Joubert, après avoir chuté d'emblée sur un quadruple toeloop qu'il semblait pourtant avoir tenu et après avoir bâclé ses deux triples axels. «Je ne m'explique pas mon erreur sur le quadruple expliquait, bien marri, le patineur de Poitiers. Cela m'a un peu refroidi pour la suite, j'ai été hésitant.» Davantage technicien qu'artiste, le Français aura pourtant eu la satisfaction de se voir gratifier d'un excellent total dans les composantes (l'ancienne note B, dite artistique): 77,14 points, contre 76,92 points à Lambiel. Paradoxal. «Ça me rassure, cela prouve que je travaille dans la bonne direction.»

Ces trois-là ont survolé la compétition masculine à Lyon. Il y a fort à parier qu'on les retrouvera sur le podium olympique, dans un peu plus de 20 jours à Turin. /ALA-ROC

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