C'est un coup de coeur pour une artiste façonnée aux mélodies folk américaines et aux exquises voix de la chanson française... entre autres car Billie Bird, c'est aussi beaucoup plus que ça. Cette chanson installée dans la région lausannoise depuis longtemps est d'une sincérité totale, en constant questionnement sur son art. Elle avance vite et apprend de toutes les rencontres. La nôtre a lieu en marge d'une table ronde de l'opération Iceberg organisée par la Fondation romande pour la chanson et les musiques actuelles (la FCMA à Nyon) et le festival frontalier des Eurockéennes de Belfort. Pour la décrire, cédons à la trop facile liste d'influences indirectes. Billie Bird peut avoir écouté Nick Drake, Elliott Smith ou Joni Mitchell ou pas. Elle peut aussi avoir un lointain lien de parenté avec Franck Monnet ou Emily Loizeau pour les belles idées harmoniques et le mélange des images, des influences anglosaxonnes et francophones.
Voici Billie Bird, chantant en français:
Interview:
Vous avez entamé un travail pour faire connaître votre musique en dehors des frontières vaudoises? Comment se passe votre parcours de musicienne qui tourne?
Je suis arrivée de manière spontanée et après tu te professionnalises. Tu as des retours, des forces, des faiblesses… des choses à modifier. Et ça va influer sur ta manière de faire évoluer le projet. Avec mon parcours et ma manière d’envisager Billie Bird. Avec ce spectacle du metteur en scène Denis Maillefer, j’ai eu l’occasion de faire des chansons en français. Pour moi qui avais l’habitude de l’anglais, les retours étaient encourageants. Une fille avec une guitare en anglais, on a déjà vu. Il ne faut pas céder à la réalité économique... Il faut faire ce qu’on ressent. Bon, pour mes textes en anglais, ce qui représente l’essentiel de mon répertoire, je me fais aider par une anglophone.
Comment le projet Billie Bird a-t-il évolué depuis le tout début, la place du français qui a pris de l’ampleur?
T’as un peu peur que les choses t’échappent et c’est normal. Mais à partir du moment où je me suis posé scéniquement, j’ai pu poser les choses et avancer… Je viens du français. Je vois ce que ça provoque sur scène... Il y a un truc neuf. Le français, c’est ma langue avec l’espagnol… ma mère est de Murcie… Donc je m’imagine parler cette langue et la chanter. Ma mère s’est mariée avec un français à Pontarlier. J’ai vécu en partie chez ma grand-mère à Pontarlier. Le français est la langue qui m’est personnelle. Mais je lis aussi en anglais, j’écoute de la musique anglaise... j’ai de l’attirance pour la culture des pays anglophones, la métrique de la langue.
Il y a des artistes francophones qui vous conseille sur l’usage de votre langue natale?
A "La Parenthèse" à Nyon, j’ai rencontré Mansfield Tya… Cette chanteuse française pense qu’on peut faire ce qu’on veut avec notre langue. Ce n’était pas quelque-chose de simple pour moi. Je me rappelle qu’à 19 ans, c’était l’avènement de la chanson française : Jeremy Kiesling et K, c’était impressionnant. Aujourd’hui, je peux partir dans une écriture pensée, poétique avec moins de mots, à ma manière, mon langage. J’avais la phobie du français mais maintenant je joue avec les mots, j’écris "j’oscille, quand vient la nuit, je me perds, j’oscille et me décale…" C’est gratifiant si je fais quelque-chose de bien écrit.
Musicalement, ces nouvelles sonorités apparues dans votre musique, ça change quoi?
Je fais de la folk pure. Dans cette musique, les mots ressortent plus fort… J’aime aussi une formule avec trois musiciens… oui en fait je veux tout. Bon, au début, il faut se lancer seule et après tu grandis, tu rencontres des personnes, tu fonctionnes en bande, t’as des besoins d’être seule et puis des besoins d’être entourée. Je veux m’autoriser à faire plein de choses, à rythmer mes concerts, faire des relances, intégrer de la vidéo. J’essaye de penser à là d’où je viens, à ma position de musicienne solo. Je suis managé par une agence de "booking" de concerts en Suisse et ça ouvre des horizons européens avec des opérations comme Iceberg (une opération menée par les Eurockéennes de Belfort et la FCMA à Nyon qui s’est déroulée dans plusieurs salles de concerts de Romandie et de l’est de la France)… Il y a une relation humaine qui s’est créée avec Kem, le programmateur des Eurockéennes par exemple. J’aimerais que ma relation aux Eurockéennes m’ouvrent des nouvelles portes… et qu’il en soit de même avec les autres rencontres.
Pour tous les renseignements sur la musique de Billie Bird, c'est ici.