Coproduit avec l'Allemagne, ce premier long-métrage de fiction file les destins de trois femmes immigrées de l'ex-Yougoslavie qui se croisent à Zurich. Né à Lucerne en 1973, de mère bosniaque et de père croate, Staka a mis beaucoup d'elle dans ce récit à trois voix qui dit sobrement les aléas de l'intégration.
Le Léopard d'Argent récompensant la meilleure interprétation féminine est allé à la jeune actrice américaine Amber Tamblin qui crève l'écran dans «Stéphanie Daley» de la réalisatrice Hilary Brougher, où elle interprète le rôle d'une fille-mère accusée d'avoir tué son nouveau-né. Toujours d'Argent, Le Léopard pour la meilleure interprétation masculine a été décerné à l'acteur allemand Burghart Klaussner qui joue le rôle d'un attaché d'ambassade désabusé dans le film «Der Man von der Botschaft» du cinéaste géorgien Dito Tsintsadze
Parmi les autres prix attribués dans le cadre de la section de la Compétition internationale, signalons un Prix de la mise en scène plutôt mérité et remis au cinéaste français Laurent Achard, lequel a su nous faire épouser dans son «Dernier des fous» le point de vue d'un enfant de dix ans sur une déliquescence familiale assez carabinée. Notons encore que le nouveau prix institué par Maire, qui récompense la meilleure première oeuvre en prenant aussi en compte les films de la section des «Cinéastes du Présent» répondant à ce critère, a couronné «L'année suivante» de la réalisatrice française Isabelle Czajka. Cet «essai» d'un abord difficile décrit de façon très dépouillée le travail de deuil d'une jeune fille confrontée à la mort de son père. Certes honorable, ce palmarès ne rend toutefois pas justice aux paris audacieux pris par le nouveau directeur artistique. Pour notre part, nous aurions préféré voir figurer au palmarès des films autrement aventureux, comme, par exemple, «Jimmy della collina» du Sarde Enrico Pau ou «Dies d'agost» du Catalan Marc Recha.
Malgré cette relative déception, le bilan de cette 59e édition reste cependant très positif. Les projections sur la Piazza Grande, gigantesque chambre d'écho dont les rumeurs peuvent être fatales, ont fait l'unanimité ou presque. En dépit de quelques «couacs», Maire a réussi à séduire le peuple bigarré de la Piazza sans déchoir. Preuve en est que les spectateurs ont attribué le Prix du Public à un premier long-métrage d'une très grande tenue, «Das Leben der Anderen» («La vie des autres») du jeune réalisateur allemand Florian Henckel von Donnersmarck, qui dévoile les agissements de la Stasi dans les milieux du théâtre est-allemand. /VAD