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Le milieu littéraire parisien de 1956 épinglé

08 déc. 2009, 10:25

CRTITQUE - PAR LAURENCE DE COULON

Les cuisiniers, les professeurs et les amateurs sont autant de types différents d'écrivains, à en croire le Français François Nourissier.

Publié une première fois en 1956, «Les chiens à fouetter» prennent le prétexte de la lettre d'un jeune écrivain ambitieux de Tours qui voudrait monter à Paris à un grand écrivain qu'il admire et la réponse de ce dernier, pour peindre le milieu littéraire parisien d'une façon très caustique.

Le tour est extrêmement complet, et va des écrivains «professionnels» aux éditeurs et à la paracritique. Parmi les professionnels, les jurys de prix littéraires peuvent «réduire leurs dépenses ménagères à rien» à coup d'invitations deux mois avant la remise du prix. Les cuisiniers exploitent une formule et écrivent des plats sucrés tous les trois ans. Les amateurs, par contre, sont les vrais écrivains et le jeune homme devra trouver un maître parmi eux, mais par n'importe lequel, l'idéal étant «le réactionnaire glissé à l'oubli», pour être sûr que la relation soit réciproque et fructueuse.

Le grand écrivain explique ensuite qu'en ces temps, il faut être politiquement au centre, surtout pas dans les extrêmes et pourquoi, puis il fait le tour des éditeurs, enfin des journaux et des différents types de critiques et de l'influence de chacun sur les ventes de livres.

Une si grande connaissance surprend, même lorsqu'on apprend que François Nourissier venait d'avoir travaillé trois ans en tant que secrétaire général des éditions Denoël. Le tout est extrêmement caustique, mais pas cynique: l'important étant le talent et le travail selon la réponse du grand écrivain.

Les noms du milieu de l'époque foisonnent, et bien que tout le monde soit respecté, personne n'est vraiment épargné par l'ironie. Il est étonnant que ce livre, certes d'un style très vif, mais d'une honnêteté et d'une insolence rares, n'ait pas coûté sa carrière d'écrivain au jeune François Nourissier d'alors.

«Les chiens à fouetter», François Nourissier, éd. Le Dilettante, 2009

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