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«La Suisse est un trou noir sur la carte»

La Suisse n'existe pas pour la presse étrangère. Quand les grands journaux français ou belges s'intéressent à elle, c'est à cause de Johnny Hallyday. Vu de Paris ou de Bruxelles, comment peut-on s'intéresser à la petite Suisse? Eh bien on ne peut pas. «La Suisse est un trou noir sur la carte européenne», déclare crûment Jurek Kuczkiewicz, chef de la rubrique étrangère du quotidien belge «Le Soir». Et d'expliquer que la non appartenance de la Suisse à l'Union européenne fait une grande différence. «Nous nous intéresserons plus facilement à de petits pays comme l'Estonie ou la Slovénie car ils font partie de notre quotidien politique et institutionnel.»

28 avr. 2007, 12:00

Seul le déménagement de Johnny Hallyday à Gstaad a passionné toute la presse francophone. Mais il faut bien admettre qu'il s'agit davantage d'une affaire franco-française que d'une affaire suisse. C'est la personnalité du chanteur et ses liens avec un certain candidat à l'Elysée qui ont déclenché la polémique. La Suisse n'en constitue que le décor.

Le journaliste belge s'exprimait jeudi soir à Berne dans le cadre d'un débat public organisé par Swissinfo et l'Institut de la communication de l'Université de Berne. Etaient également présents ses homologues du «Monde» Daniel Vernet, de «Libération» François Sergent et du «Point» Pierre Beylau. Ce dernier a quelque peu atténué la charge de son collègue belge. «La Suisse n'est pas la Lituanie. Nous avons une frontière commune avec elle. Les frontaliers sont à eux seuls une problématique digne d'intérêt. Et puis, la Suisse est aussi un marché pour notre journal. Nous lui consacrons périodiquement des dossiers spéciaux.»

Quoi qu'il en soit, il faut des événements sortant de l'ordinaire pour qu'un sujet soit consacré à dame Helvétie. «La concurrence est rude, car la place réservée à la politique étrangère a tendance à se resserrer dans tous les médias au profit de sujets de société», note Daniel Vernet, quelque peu dépité de voir des articles sur le jardinage apparaître dans «Le Monde». Seule émerge Micheline Calmy-Rey avec son discours de l'an dernier sur la neutralité. «Il y a eu des articles dans toute la presse française», indique Pierre Beylau.

Les médias étrangers ont découvert à cette occasion que la Suisse a une politique étrangère. En revanche, la politique intérieure suisse reste terra incognita. «Elle est incompréhensible», assène François Sergent. Son fédéralisme déroute. «Dans un pays centralisé comme la France, il est inimaginable que le système fiscal puisse changer d'un canton à l'autre», relève Daniel Vernet.

A ce stade, le débat tourne à l'autoflagellation. Encore une de ces particularités suisses méconnues à l'étranger! / CIM

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