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Frédéric Recrosio est un grand romantique nostalgique

Le Valaisan se cache derrière des pirouettes pour ne pas trop se dévoiler.

03 août 2012, 07:15
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Avec Frédéric Recrosio, on ne sait jamais s'il parle sérieusement ou s'il déconne, comme il le fait sur scène. Le comédien et humoriste de Sion s'est construit un univers bien à lui.

Quand on lui demande pourquoi il s'est dirigé vers le théâtre, il répond par une pirouette:

"L'idée d'avoir un faux travail. J'ai passé mon adolescence à maudire mon réveille-matin, qui me faisait commencer la journée par une humiliation. Rien de pire: c'est strident, ça t'extirpe de tes rêves, ça te rappelle que t'es un esclave. Bien sûr, aujourd'hui je réalise que j'ai échappé à rien du tout. En fait, je suis subordonné autrement, mais subordonné quand même. Alors autant que ce soit dans un métier où ça rigole. "

Dans le monde de Recrosio, ça rigole souvent. A ses débuts, il y a quinze ans, avec Frédéric Mudry, il déconnait sur scène sous l'étiquette Los Dos.

"J'y repense souvent, avec nostalgie, parce que c'est fini d'avoir tout devant." De Los Dos, il conserve aussi une anecdote, qui correspond à son premier souvenir de scène: "Je me souviens essentiellement d'un truc: avant de monter sur scène, on jappait. Et "japper", c'est le verbe qu'on utilise pour les chiens quand il y a une baballe. Franchement, je connais peu de gens qui font ça avant d'aller au travail."

Aujourd'hui, Frédéric Recrosio a bien assis sa position, se démarquant de la production humoristique moyenne: avec ses deux spectacles en solo, il s'est produit dans les théâtres parisiens, puis il s'est lancé dans la chanson l'automne dernier. Varier les styles, est-ce pour ne pas se sentir prisonnier du registre humoristique?

"De toute façon, ce que j'aime, c'est le steak après. Et si, avant, il y a du travail bien fait et des gens qui m'aident à me sentir moins nase, alors je veux bien étudier toutes propositions, autant dans le registre dramatique que dans le domaine des remontées mécaniques." Toujours cette manière détachée de répondre, comme pour conserver une distance.

La quarantaine approchant à petits pas, Fred n'est pas décidé pour autant à devenir vieux dans sa tête: "Avancer dans l'âge, c'est avant tout s'éloigner de l'enfance.

Et quoi de plus dégueulasse? Contre ça, il faut résister en restant très libre et très con. Je suis un spécialiste." Le comédien se trouve-t-il à la place qu'il rêvait d'occuper lorsqu'il suivait des cours à l'école de théâtre de Martigny?

"J'ai rêvé, enfant. Il s'agissait d'aventures extraordinaires où il était question de tuer des dragons à l'épée, de trouver un trésor au fond d'une grotte toute bleue, et de finir ses jours dans un château avec une princesse aux cheveux d'or et qui fait jamais la gueule. Après, j'ai eu la vraie vie. Et le rêve n'a plus rien à voir là-dedans." Recrosio n'a-t-il même plus un rêve lié à son métier? "J'ai pas de rêves artistiques. Je veux ceux de mon enfance. Voler pour de vrai, c'est tout."

Le comédien a au moins des projets. "J'écris. Un seul en scène. Un spectacle à trois. Un film." Enfin une réponse sérieuse? "Sinon, je vais suivre une formation de pizzaiolo", s'empresse-t-il d'ajouter, histoire de raconter une bêtise. Quoique, avec lui, on ne sait jamais.

 

Retrouvez ci-dessous  la chronique de Valérie Ogier sur Option Musique:

Frédéric Recrosio. [Anne Bichsel - RTS]

Une vidéo de Frédéric Recrosio sur Youtube

 

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