Discours extravagant au fil de l'eau sur l'amour platonique

11 sept. 2007, 12:00

Dimanche soir, installés à l'étage supérieur du «Fribourg» et agréablement bercés, la trentaine de spectateurs participent à un voyage atypique? Epopée lacustre et ferroviaire, ou les «transports» en commun se révèlent comme des bijoux d'invités, délicatement subversifs.

Cultiver le doute comme le disait Platon, participe d'une activité essentielle pour Pierre Cleitman.

Car un train n'est pas un train, c'est «un cortège post-dionysiaque qui glisse... sur des rails!». Il choisit le trajet Paris Bâle en itinéraire type pour construire son exposé et nous révéler une nouvelle science: «la psychagogie, c'est-à-dire le transport des esprits, en commun...». Basée sur la «La fréquence moyenne de l'amour platonique», exprimée en «V.G.L.K.P.» (soit le Voyageur Grande Lignes Kilomètre Parcouru).

Suit un exercice de définitions croustillant nous entraînant sur la pente du rire?

En philosophe facétieux, kamikazes des jeux de mots, amoureux des paradigmes, il agrémente sa conférence de constatations sérieuses sur son ton de «futur antérieur», (puisque, dans les locomotives, on ne peut pas regarder en arrière), en citant à foison quelques penseurs intemporels Charles Fourier et Saint-Simon qui viennent l'appuyer dans ses démonstrations...

On découvre les vertus quasi initiatiques des horaires, et comment, dans une visée post moderne: «La transaction au guichet s'apparente à la consultation d'un oracle». La gare devient cathédrale du progrès, temple d'une religion cosmique qui abrite celle bienfaitrice de l'Exactitude, «où le rôle de Dieu se bornerait à donner l'heure exacte»? «une religion de la Communication et de l'Amour Universel» qui se lirait dans la linéarité des chemins fers sans carrefours!

Pierre Cleitman, en brillant observateur s'attache au détail et en fait le pivot de ses réflexions. Il souligne quelques vérités aux allures faussement frivoles en formules efficaces: «Car chacun sait, pour l'avoir au moins une fois appris dans sa vie, et généralement à ses dépens, que ce n'est qu'avec du superficiel qu'on «emballe»!».

Finalement, l'acte plutôt pragmatique de prendre le train, se transforme une expérience spirituelo-absurde, en «coït de titan», entre la certitude d'avoir touché la chair de la dite «psychagogie» et l'intime conviction de vivre un moment universel d'amour?

Platonique. /pxs