Son front haut, son crâne chauve, son long visage émacié, ses yeux plissés, sa voix d'ogre teintée d'un accent «moldo-valaque» et sa maigreur de moine tibétain en ont fait une figure inoubliable.
Né à San Felipe au Chili, dans une famille juive socialiste chassée de Russie par les pogroms, Daniel Emilfork (photo sp) parla d'abord l'espagnol et apprit le français lors de son installation en France, en 1949.
Ce handicap de départ ne l'empêcha pas de mener une carrière au théâtre, au cinéma et à la télévision qui le cantonnèrent souvent, et parfois avec bonheur, dans des rôles de personnages hors normes, vampires, diables, savants fous et espions. Il travailla au théâtre sous la direction de Patrice Chéreau, Luchino Visconti, Andre Engel, et au cinéma avec Clouzot, Vadim, Polanski, Cukor. Au théâtre, il a marqué le rôle du marquis de Sade dans le «Marat-Sade» de Peter Weiss monté en 1986 par Walter Le Moli.
Au cinéma, Fellini lui dessina un personnage démesuré d'homme-libellule dans son «Casanova» (1975) et Caro et Jeunet lui confièrent à 71 ans son plus beau rôle, celui d'un voleur de rêves d'enfants, dans «La Cité des enfants perdus». Pour la série télévisée «Chéri Bibi» (1974), il jouait Kanak, le médecin cannibale imaginé par l'écrivain Gaston Leroux. /ats-afp