Départ aux airs de course d'école sur des sentiers aussi faciles que fréquentés. Profitez de cette mise en jambes: ça ne durera pas! Traverser le couronnement du barrage, direction Vieux-Emosson. Entourée de mélèzes, la route goudronnée ne tarde pas à grimper assez sec. Repos à la petite cabane du Vieux-Emosson, dont les volets rouges annoncent la fin de la grimpette. Déjà, on est monté d'un étage: ici, plus de mélèzes ni d'herbette, voici le royaume de la caillasse. Suivre la rive de ce second lac (permis de pêche en vente à la cabane), au pied de la masse sombre de la chaîne des Cavales.
A l'autre extrémité, nouvelle petite montée jusqu'au site des dinosaures. C'est le moment d'activer votre petit cinéma mental. Imaginez des dinosaures - oh, pas bien gros - disons des herbivores de trois à quatre mètres de long, qui se baguenaudent sur une plage. Abracadabra: 250 millions d'années plus tard, l'océan a laissé place aux Alpes, les dinos ont disparu. Et leurs empreintes de pas, fossilisées, charment le touriste ébahi à 2400 mètres d'altitude.
Après ce petit vertige temporel, courage: le plus dur reste à faire. La montée au col de la Terrasse, via le col des Corbeaux, ne fait pas semblant d'être raide. C'est le prix à payer pour accéder à la solitude glorieuse de ce petit plateau. Et à la transparence fulgurante de ses lacs minuscules qui perlent sur la caillasse gris-roux.
Pierre sur pierre, le balisage, constitué de cairns, est franchement minimal. Lorsque le massif du Mont-Blanc apparaît plein pot, laisser les lignes à haute tension loin sur la droite, et contourner le lac Vert au plus près. De l'autre côté, des traces de peinture rouge vous guident vers le col de la Terrasse. Ah, et n'oubliez pas d'actionner vos poumons: la vue sur le glacier d'Argentière est à couper le souffle. Faut-il préciser que quand c'est raide, ça l'est dans les deux sens? Après la montée de tout à l'heure, voici donc la descente. Redoutable certes - mais promis, c'est le dernier effort.
Dans le haut de la pente, le chemin pour Loriaz est très érodé. Ce passage assez scabreux demande un pied sûr. Et un ?il attentif pour repérer les marquages de peinture. La dégringolade terminée, on progresse en douceur, sur une sente bien marquée entre myrtilles, cascades et rhododendrons. Voilà le refuge! En fait, c'est une dizaine d'étables de pierre, serrées l'une contre l'autre comme chèvres à la traite - biquet, non? De là, la descente vers la gare de Vallorcine est aisée. Mais les chalets de Loriaz invitent à prolonger la pause: un coucher de soleil panoramique sur l'Aiguille-Verte, ça ne se refuse pas! On terminera demain. / AMO