Révélée par Maurice Pialat, grâce auquel elle décrocha en 1990 un César du Meilleur espoir féminin (pour «Van Gogh»), Elsa Zylberstein a mené depuis lors une belle carrière d’actrice. Elle prête aujourd’hui ses traits à Simone Veil dans un biopic dont elle a été l’initiatrice. Rencontrée au FFFH, elle nous a confié toute son admiration pour cette figure majeure de notre histoire récente.

Elsa Zylberstein, racontez-nous la genèse de «Simone Veil, le voyage du siècle»?

Tout est parti d’une rencontre qui remonte à une dizaine d’années. On m’a demandé de lui remettre un prix à l’Université hébraïque de Jérusalem. Je me suis bien évidemment préparée. Mais, le moment venu, j’ai oublié mon discours, tant elle m’impressionnait par son charisme. Spontanément, d’autres mots me sont venus. Je l’ai sentie très émue.

On s’est revu peu après et, petit à petit, nous avons créé des liens, timides et pudiques. J’ai alors découvert une femme d’exception et je me suis dit qu’elle méritait «un grand film».

Aujourd’hui encore, on vous sent fascinée par cette grande figure, expliquez-nous…

En entrant dans sa vie, j’ai compris qu’elle avait eu un véritable destin. Il y avait vraiment quelque chose à montrer, de l’ordre de la transmission. Je me suis sentie le devoir d’évoquer toutes les épreuves auxquelles elle avait survécu, car l’histoire, dans ce qu’elle a de plus sombre, a hélas tendance à se répéter.

Ce qui m’a fascinée, pour reprendre vos propres mots, c’est que Simone Veil n’est pas du tout une femme de pouvoir, elle est bien au-delà de ça! Si elle utilise la politique, c’est pour faire avancer les choses, pour le bien commun.

«C’est tout un processus d’appropriation, comme une lente infusion.»

Le film va et vient d’une époque à l’autre. Pourquoi ce jeu?

Dans les nombreux combats qu’elle a menés, pour l’adoption, pour l’avortement, pour l’Europe, contre le révisionnisme, ce qui m’a profondément touchée, c’est que tout était déjà en gestation dans son enfance: sa mère qui lui dit qu’il faut qu’elle soit toujours une femme libre et indépendante; comment elle se bat alors qu’elle n’a plus que la vie nue; sa foi en un monde plus juste, son attachement à une société laïque, alors qu’elle est née dans une famille juive…

Tout était déjà là! Je suis très reconnaissante au réalisateur Olivier Dahan d’avoir su trouver le moyen de l’exprimer.

Comment se prépare-t-on à un tel rôle?

Je me suis préparée pendant un an: chaque pas, chaque respiration, chaque battement de cils, chaque mouvement de main… Tout devait devenir viscéral, instinctif. J’ai mis ses chaussures Chanel et j’ai marché des mois avec. J’ai grossi, plus de neuf kilos! Mais j’ai surtout dû apprendre à parler comme elle. Simone Veil a une manière à elle, très particulière, de parler. Elle n’a pas la même voix quand elle fait ses discours, parle dans l’intimité ou en interview. C’est tout un processus d’appropriation, comme une lente infusion…

A l’époque, un ami cinéaste m’a proposé un petit rôle, histoire de me changer les idées… Impossible, lui ai-je répondu, je suis en train de devenir Simone!

«Simone Veil, le voyage du siècle», la sortie de la semaine à ne pas rater

Dans le film d’Olivier Dahan, Elsa Zylberstein incarne corps et âme l’une des icônes de notre vingtième siècle tourmenté.