En quelques scènes, l’intrigue est clairement énoncée: Jann Mardenborough, gamer fan du jeu vidéo automobile «Gran Turismo», sera pilote de voitures vrombissantes sur de véritables circuits. Le réalisateur sud-afro-canadien Neill Blomkamp nous conte cette histoire «vraie» dans une fiction trépidante produite sous la houlette de Sony et de sa filiale PlayStation.

En effectuant le tour du monde des courses automobiles sans trop se répéter, le film s’avère aussi riche en placements de marques que divertissant, car Blomkamp n’est de loin pas un manche en termes de mise en scène et de grand spectacle.

Certes, on aurait préféré voir le réalisateur de «District 9», «Elysium» et «Chappie» signer une nouvelle allégorie politique. Lui qui sait si bien dessiner la tyrannie des machines, la misère des bidonvilles, la santé à deux vitesses, les sans-papiers, le danger du nucléaire ou les coups d’Etat.

S’il a tissé sa renommée à travers des œuvres d’anticipation et de robots, il semble pertinent de le retrouver aux manettes d’un film où le virtuel se mêle au réel, où le jeu vidéo se matérialise dans la réalité.

Il court toujours

Aussi étonnante qu’elle puisse paraître, cette histoire s’est effectivement produite. En 2011, l’écurie Nissan lançait un concours pour recruter les meilleurs pilotes en ligne, les former sur de vraies pistes automobiles et les lancer dans la compétition sur les circuits des 24 Heures du Mans ou de la Nordschleife.

Parmi eux, le Britannique Jann Mardenborough est sorti du lot et court toujours aujourd’hui. Il a accessoirement tourné lui-même les cascades de «Gran Turismo», où il est incarné par le jeune Archie Madekwe.

Ce dernier joue un ado qui croit mordicus en son rêve de devenir pilote, au grand désespoir de son père peinant logiquement à s’imaginer un tel parcours. Partant de ce pitch, Neill Blomkamp file un récit initiatique hagiographique, mais réussit à captiver et à faire monter la tension de manière différente à chaque course de bolides.

Réel et virtuel

Ce qui distingue alors «Gran Turismo» des autres films de sport automobile, tels «Rush» de Ron Howard ou «Le Mans 66» de James Mangold, c’est sa capacité à capter à la fois l’action effrénée et l’ambiance frénétique des circuits, tout en faisant de leurs marques iconiques des éléments organiques du film. Blomkamp parvient d’une part à nous transporter au cœur de la course et à restituer son adrénaline en faisant ressentir chaque accélération et virage serré.

D’autre part, n’hésitant pas à jouer avec les éléments du jeu vidéo lorsqu’il suit son personnage au volant de sa vraie voiture, le cinéaste adjoint à son récit une réflexion fort pertinente sur les liens qu’entretiennent réel et virtuel, à tel point qu’ils ne feraient plus qu’un.

Ajoutez à cela une musique juke-box old school qui passe de Kenny G à Black Sabbath et le tour est joué: qu’importe si le discours sur le dépassement de soi, l’esprit de compétition et la reconnaissance paternelle est attendu et banal, Blomkamp tient bien la route.

«Gran Turismo»: la sortie ciné de la semaine à ne pas rater

Neill Blomkamp fait le récit hagiographique d’un gamer devenu pilote de course automobile. Sans se départir de son talent de metteur en scène.