"Cette plage, c'est 'ze place to be'", explique à l'AFP le "placeur de produits" au cinéma Olivier Bouthillier venu passer quatre jours intensifs à Cannes. Entre bars d'hôtels et terrasses, il croise ses contacts et glane un maximum d'informations sur les films à venir.
Comme beaucoup de professionnels du cinéma, il ne verra pas un seul film: "Ici, je me renseigne sur les projets en cours et ceux qui ne sont encore annoncés nulle part", raconte-t-il dans un bar chic, légèrement en retrait de la Croisette.
Chaque jour, du petit-déjeuner au dernier verre ("Il faut faire attention ici, tu pourrais picoler toute la journée"), son agenda compte trois ou quatre entrées. Multiplié par deux "avec toutes les rencontres imprévues".
"Hier, je rangeais des dossiers dans ma voiture et la femme d'un producteur que je connais bien passait par là, je dîne avec eux demain. Et je vois tout à l'heure un vieux copain chef déco": ce poste, sur un tournage, est "souvent prescripteur" pour le placement de produits qui consiste à faire apparaître des marques bien visibles à l'écran contre rémunération - plusieurs dizaines de milliers d'euros par citation.
Plages aménagées et hôtels chics
S'il a une heure à perdre, Olivier privilégie la plage très prisée d'un opérateur télécom - beaucoup de plages aménagées à Cannes sont sponsorisées par un produit, capsules de café ou marques d'alcool, offrant des consommations et un répit aux foules et à l'agitation. "Il y a toujours des patrons de télé, de gros producteurs ou diffuseurs", dit-il.
Et bien sûr les salons des hôtels chics, le Majestic en tête, "où l'on croise inévitablement plein de monde". "Parfois je provoque des rencontres avec des gens que je pourrais voir à Paris. Sauf que quand tu es reçu dans un bureau, ce n'est pas du tout le même rapport", souligne ce passionné de cinéma, tout juste 50 ans.
Des terrasses tous azimuts, des toits d'immeubles offrant une vue spectaculaire sur toute la baie ou le "Château" sur les hauteurs de la ville: Les lieux agréables sont légion pour parler boutique.
Difficile placement de produits
Olivier Bouthillier a travaillé sur plusieurs films présentés cette année en compétition, mais ne se fait pas d'illusion sur le nombre des produits placés qu'il va retrouver à l'image. "Dans les films d'auteur, le montage est absolument privilégié. S'il reste quelque chose, c'est une broutille", dit-il, citant notamment les films d'Alain Resnais, Jacques Audiard ou Michael Haneke.
L'an dernier, sur "Polisse" de Maïwenn, il avait réussi à placer une marque de voiture pour toute la brigade ainsi qu'un site en ligne de poker.
Dans les films contemporains, les marques peuplent l'écran mais peu d'entre elles sont "placées" moyennant finances, contrairement à ce qu'imagine souvent le grand public, explique le professionnel.
Parfois la marque est "scénarisée" dans le film, comme cette scène de "Radio star" avec Clovis Cornillac où des bonbons M&Ms siglés "loser" font partie de l'histoire. Les marques puissantes (comme Apple ou Nike) comptent précisément là-dessus et ne paient jamais pour apparaître à l'écran.
Olivier Bouthillier dépouille ainsi des scénarios pour "détecter et relever les produits scénarisés ou sous-entendus, puis proposer un partenariat ou une substitution si le produit prévu ne rapporte rien".
"Je propose au metteur en scène: il accepte ou il refuse. Je n'impose rien, même le producteur ne peut rien lui imposer contrairement aux Etats-Unis. En France, le droit moral de l'auteur est incontournable", affirme-t-il avec fierté.
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Cannes: "ze place to be" pour les professionnels du cinéma
Olivier Bouthillier ne verra, comme beaucoup d'autres, aucun film. Entre bars et restos, il glane ses infos sur l'actu.

Comme beaucoup de professionnels du cinéma, Olivier Bouthillier, placeur de produits, ne verra pas un seul film: "Ici, je me renseigne sur les projets en cours et ceux qui ne sont encore annoncés nulle part", raconte-t-il dans un bar chic, légèrement en retrait de la Croisette.
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