Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Capitaine Achab à la poursuite du ballon rouge

Pour tout festivalier qui se respecte, Locarno constitue une succession de dilemmes.

08 août 2007, 12:00

Se décider à voir tel ou tel film suppose l'élimination cruelle de tel ou tel autre, malgré un système de répétitions très au point, vu que la plupart des ?uvres présentés sont reprises trois fois. Un moyen de limiter ce jeu de massacre, qui soit dit en passant atteste de la qualité de l'affiche de cette soixantième édition, consiste à jeter son dévolu sur l'une ou l'autre section?

Pour notre part, nous nous sommes voués à la Compétition internationale et aux séances de la Piazza Grande, en grappillant ci et là quelques films supplémentaires? C'est ainsi que nous avons pu découvrir le troisième court-métrage de Frédéric Mermoud, réalisateur valaisan «exilé» à Paris, qui avait déjà eu l'heur d'être sélectionné à Cannes. Admirablement joué par Emmanuelle Devos et Hippolyte Girardot, «Le créneau» confirme le talent d'un jeune cinéaste sur le point de tourner son premier long-métrage, un polar bénéficiant d'un casting de haut vol. Mais revenons-en à la Compétition internationale, laquelle a pris une belle ampleur depuis ce lundi avec trois longs-métrages très différents dans leur approche.

Dans «Capitaine Achab», le réalisateur français Philippe Ramos reconstitue l'enfance du héros hanté de «Moby Dick». Servie par une pléiade d'acteurs excellents, dont Jean-François Stévenin, Dominique Blanc et Denis Lavant, cette adaptation du roman d'Herman Melville déjoue le misérabilisme de son budget pour atteindre une grande originalité. Réalisé par le cinéaste japonais Masahiro Kobayashi, «Ai no yokan» («Pressentiment d'amour») est un film plutôt exceptionnel sur le pardon. Une femme dont la fille a tué une adolescente se rapproche du père de la victime, au point de recommencer à «vivre» petit à petit?

De son côté, «Joshua» de l'Américain George Ratliff parvient à créer une tension assez extraordinaire, sans jamais tomber dans les ornières du genre. Pianiste surdoué, un garçon de neuf ans est fortement perturbé par la naissance de sa petite s?ur, au point de commettre des actes peu catholiques. Outre son suspense diabolique, ce deuxième long-métrage de fiction parfois très caustique explore sans ménagement la notion ambiguë d'innocence. Toujours à propos d'enfance, «Le voyage du ballon rouge» du Taïwanais Hou Hsiao-Hsien (à qui a été décerné le Léopard d'honneur 2007) a eu le don de déconcerter le public de la Piazza. De notre côté, nous nous sommes délectés de cette actualisation subtile et profonde du chef-d'?uvre tourné en 1956 par Albert Lamorisse. /vad

Votre publicité ici avec IMPACT_medias