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Blake et Mortimer à la recherche d'une humanité oubliée

Dix ans après son premier «Blake et Mortimer», Yves Sente, qui faisait alors ses premiers pas de scénariste, confirme avec «Le sanctuaire du Gondwana» qu'il est un des meilleurs raconteurs d'histoires d'aujourd'hui. La sortie d'un nouveau «Blake et Mortimer», soigneusement orchestrée, est toujours un événement. D'autant plus que, Ted Benoît ayant déclaré forfait, il n'y a plus actuellement qu'une équipe sur le coup. Disons-le franchement: ce n'est pas plus mal. Les quatre ans d'attente entre le présent «Sanctuaire du Gondwana» et le précédent «Sarcophages du 6e continent» trouvent ainsi un lectorat habilement impatienté. Aléas de la surenchère commerciale: on réservera aux mordus l'album d'entretiens publié dans la foulée, et qui n'apporte pas grand-chose à la série.

27 mars 2008, 12:00

Mais pour l'heure, marchons sur les traces de Mortimer qui, renouant avec la quête, chère à la série, des civilisations perdues, découvre du nouveau sur le Gondwana. Ce fameux continent primitif aurait été formé avant que la dérive des continents, commencée il y a 300 millions d'années, ne donne à notre globe sa physionomie actuelle.

Pour ce faire, nos héros s'offriront un petit safari en Afrique, continent qu'à l'exception de l'Egypte, Blake et Mortimer n'avaient encore guère foulé. On remarquera au passage les clins d'œil à «Tintin au Congo», en particulier le gros plan sur l'éléphant abattu par le professeur Mortimer, qui après avoir tué de trois balles son amour de jeunesse dans le précédent épisode, se montre décidément bien prompt à la gâchette. Sans révéler une conclusion hautement surprenante, on peut toutefois assurer que cette propension fâcheuse trouvera une explication satisfaisante.

Car cet épisode, qui, en soi, pourrait paraître presque trop court, est en fait la suite directe des «Sarcophages du 6e continent». Reconvoquant d'anciens personnages, accordant plus d'importance aux femmes (sans pour autant, comme dans l'épisode précédent, bouleverser la vie sentimentale des héros), Sente s'est approprié de manière impressionnante et convaincante l'univers jacobsien.

Quant à Juillard, il prétend qu'il lui suffit de «simplifier» son propre dessin pour faire du Jacobs. On le prendra au mot pour remarquer que c'est sans doute pour cela que ce dessinateur surévalué n'atteint de loin pas l'extraordinaire précision du style jacobsien. Et ne parlons pas des couleurs mises avec routine par une professionnelle sans communion visible avec le dessinateur. Ce qui, du point de vue de Jacobs, reste la pire des trahisons! /ACO

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