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Animaux domestiques, l'autre biodiversité

Comme le panda, la vache noire et blanche sera-t-elle un jour le symbole d'une biodiversité en crise? Crise de la surabondance... La holstein-frisonne, une vache pie noire, semble une banalité bovine. Mais cette hollandaise de souche est une star planétaire, présente dans 128 pays! Réjouissant? En Ouganda, elle pourrait supplanter d'ici vingt ans l'ankole, belle vache aux cornes énormes. Substitution insensée si l'on sait que, lors d'une récente sécheresse, les fermiers qui avaient conservé leurs ankole ont pu les emmener vers des points d'eau épargnés, quand ceux qui avaient adopté les vaches d'importation ont perdu leurs troupeaux...

07 sept. 2007, 12:00

Cette manière de fable montre combien la diffusion de la holstein-frisonne est à courte vue: cette brave vache ne s'accommode pas pleinement des climats et maladies exotiques. Et s'y adaptera d'autant moins que son bagage génétique s'est rétréci à force de sélection: les mêmes dizaines de taureaux nord-américains ont la paternité d'un milliard de têtes!

La diversité des animaux domestiques est menacée, rien de neuf. Depuis des années, on avertit du péril à appauvrir le patrimoine génétique d'animaux dont nous dépendons à des degrés divers - sans rien dire du patrimoine culturel étiolé. Mais l'érosion se poursuit, et le tout récent inventaire commandé par la FAO, organisme des Nations unies pour l'alimentation, ne rassurera pas.

Seule bonne nouvelle: 7600 races traditionnelles de bovins, ovins, porcs, volailles ont été recensées dans 169 pays. Mais 11% sont éteintes, 16% menacées, 35% ont un statut mal défini. Seuls 38% n'inquiètent pas trop. Autre chiffre: 90% du bétail des pays industrialisés relève de six races étroitement définies!

Ces quelques races commercialement reconnues et prodigues en viande, meilleures laitières ou pondeuses, de grandes compagnies essentiellement occidentales les imposent peu à peu aux pays en développement, où se rencontrent 70% des races traditionnelles. Dans le nord du Vietnam, en 1994, les porcs indigènes représentaient 72% des élevages, contre 26% huit ans plus tard. Dix races sur quinze sont menacées. Politiciens, chercheurs et éleveurs ont débattu cette semaine à Interlaken des moyens d'aider les paysans à maintenir la diversité, de conserver les transhumances traditionnelles, de définir par région les races les mieux adaptées. Et il faudra peut-être constituer, hors des pays industrialisés, des banques régionales de sperme et ovules de races menacées.

Dernier recours, car de telles banques sont chères. Et elles ne conservent pas les savoir-faire ancestraux? / JLR

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