"Ça a pris un peu de temps. Il fallait digérer tout ça." Lianel Gay, le supporter valaisan de la Nati que l'on suit à la trace depuis son départ pour le Brésil, s'excuse d'entrée de jeu. La débâcle suisse face à la France a eu du mal à passer et le Martignerain de 31 ans n'avait vraiment pas le coeur à nous donner de ses nouvelles.
A la fin du dernier épisode, Lianel profitait des belles soirées brésiliennes sur l'île de Morro, à deux heures de Salvador. Il y était accompagné par un ami valaisan, Thomas Schürch, avec qui il a pu témoigner de la chaleur de l'accueil local.
Le Brésil, c'est la chaleur de l'accueil et de ses habitants, mais c'est aussi une organisation toute... latine. Lianel Gay a pu s'en rendre compte dès le lendemain, le vendredi 20 juin. Il doit quitter Morro pour rejoindre Salvador où a lieu ce fameux Suisse-France. "On avait réservé une traversée directe qui durait 2 heures. Mais le matin, la compagnie nous a dit que ça n'existait tout simplement pas. On a dû faire 30 minutes de speedboat, 2 heures de bus et 40 minutes de catamaran pour arriver à Salvador. Du coup, on a dû filer directement au stade, avec le cortège suisse."
"On se rend compte que tout le Brésil fonctionne comme ça, à la baba cool. Au restaurant, après 45 minutes, on doit rappeler le serveur pour avoir à manger. Dans les point d'informations touristiques, l'info change d'une personne à l'autre. On comprend mieux le retard pris dans la construction des stades..."
Vendredi, donc, c'était jour de match. Jour de derby "au sommet" entre la Suisse et la France. Si on connaît désormais le triste résultat, avant le match, le kop rouge et blanc est plutôt confiant. "On était resté sur un match moyen de la Suisse, mais la victoire à l'arrache nous avait donné tellement d'émotionss qu'on pensait "taper" facilement les Français", reconnaît Lianel Gay. Il estime à 6 ou 7'000 le nombre de supporters suisses à Salvador. "Et les Brésiliens ont l'air en majorité avec nous."
Dans le stade, à l'échauffement et durant le premier quart d'heure, les Suisses semblent bien dans leur match.
"On était bien en place jusqu'à la sortie de Von Bergen", analyse le Valaisan, "après, deux buts encaissés rapidement sur deux erreurs. Je pensais que l'arrêt du penalty aurait pu être le tournant du match, mais non, la France était bien trop impressionnante et nous vraiment sans révolte. Comme beaucoup de fans, j'ai souffert jusqu'à la 90e et ça m'a fait mal de voir mon pays dans cet état. Les joueurs sont quand même venus nous saluer et Inler a fait son mea culpa. Ils nous annoncent la révolte. On veut la voir!"
Le supporter fidèle de la Nati, assidu depuis 12 ans, veut y croire. Mais le spectre de l'élimination face au faible Honduras en 2010 refait surface. C'est en effet contre cette même équipe d'Amérique centrale que la Suisse jouera son tournoi. "On ne doit pas compter sur la France et mettre 3-0."
Et après? "Une fois en huitième, la folie des grandeurs ressurgira. Sur un match, tout est possible. On peut même sortir l'Argentine."
Pour tenter d'oublier cette déconvenue, Lianel et d'autres supporters suisses ont profité de leur dernière journée à Salvador, samedi, pour assister aux matchs dans la Fan Fest officielle. "Là encore, c'était "à la brésilienne": le premier match avait lieu à 13 heures et l'écran géant était éteint. Le marchand de glace nous a dit que ça fonctionnerait dimanche."
Direction donc Rio, pour profiter des perles du Brésil. "A défaut d'y voir jouer la Suisse pour la finale (attendons, ils l'ont affiché sur leur bus officiel), je fais le touriste. Et j'irai voir le match du Brésil à la maison suisse."
Le Christ Rédempteur
Copacabana
Lianel s'envolera ce vendredi pour Manaus, pour le match décisif face au Honduras. On devrait le retrouver au coeur de la jungle amazonienne.