Fils de l'avocat genevois Gérard Montavon, Guy Montavon est né à Genève, en 1961. Comme il est baigné dedans, il entame des études musicales, avant de se consacrer au théâtre comme régisseur, une formation qu'il peaufine à Francfort, Hambourg, mais aussi à Livourne, Pise, Montpellier, Bonn ou Helsinki. Un tremplin pour la maîtrise parfaite de quatre langues!
En 2002, Guy Montavon est nommé à la tête du Théâtre d'Erfurt: «J'avais un avantage, je n'étais pas Allemand Au début, j'étais attendu au contour, ce n'était pas facile. Puis on a vu que j'étais compétent et bien élevé.»
C'est que le Jurassien a hérité d'un sacré cadeau. La Thuringue, région de 3,5 millions d'habitants, dont la capitale est Erfurt, a injecté 75 millions d'euros dans son nouveau théâtre, afin d'être concurrentielle avec les autres régions.
Guy Montavon a 347 employés sous ses ordres, dont 40 choristes et 70 musiciens à l'année. La grande scène (850 places) accueille 160 soirées par an Sans oublier une «scène studio», plus petite.
Il faut dire que les Allemands raffolent d'opéras et de pièces dramatiques. Là-bas, les prix se veulent modestes, accessibles à tout le monde. La place la plus chère s'élève à 32 euros. Pour faire tourner son bastringue, le Jurassien dispose d'un budget annuel de 20 millions d'euros (17,8 millions de subventions et 2,2 millions de rentrées).
Mais voilà, le politique veut toujours plus avec moins de moyens. Il faut donc trouver des astuces. Guy Montavon va frapper un grand coup en 2005 en montant l'oeuvre de Philipp Glass «Waiting for the Barbarians». Succès total. Quatre-vingts journalistes sont présents et l'événement rejaillit sur toute la région.
Le surintendant va même embarquer toute son équipe (174 personnes) pour jouer la pièce à Amsterdam, quatre séances complètes devant 1600 spectateurs.
Mais le Jurassien n'oublie pas pour autant son pays, travaillant avec le metteur en scène Gérard Demierre et le peintre des Breuleux René Myrha pour la réalisation des décors du «Parsifal», de Wagner.
Fort de sa réputation, le Théâtre d'Erfurt peut désormais se projeter dans l'avenir. «Chaque année, je veux faire une création, écrire un opéra. L'accent sera mis sur des sujets que l'on traite à l'école, comme Rabelais Je pense remettre en scène le «Tannhaüser», de Wagner, de même que 14 titres d'opérette», se réjouit Guy Montavon
Comme Erfurt voyage bien, il est prévu d'aller jouer une «Traviata» à Ottawa, au Canada, et l'opéra de Philipp Glass en Australie. Le Jurassien s'envole aussi souvent pour la Chine, afin d'y nouer des contacts.
Mais le bougre n'a pas peur de voyager: il enseigne également régulièrement dans les Universités de Tokyo et Montréal. / MGO