Carole Perrot est trop forte en comparaison des autres athlètes amateures. Les dirigeants du circuit Xterra, soit celui de référence en cross-triathlon, ont ainsi prié la championne de Prêles, et ce pour la seconde année consécutive mais cette fois-ci avec bien plus d’insistance, de monter en catégorie Elites. C’est comme cela qu’en 2023, cette maman de deux enfants âgée de 43 ans, secrétaire à Bienne, régatera au beau milieu de celles qui pratiquent la discipline de manière professionnelle.

La «faute» surtout à l’outrageuse domination de Carole Perrot du côté de Molveno, dans les Dolomites italiennes, le 1er octobre dernier. Après deux Mondiaux ratés, à Edmonton en 2020 et Hawaï en 2021, pour cause de pandémie de Covid, elle a triomphé en Age Group – toutes catégories d’âge confondues. Elle a fini l’épreuve quelque huit minutes avant sa première poursuivante, ce qui aurait correspondu à une 9e place en Elites.

Ça fait un peu prétentieux, mais maintenant, j’ai toujours un petit peu trop d’avance sur mes concurrentes.

Carole Perrot, triathlète de Prêles.

«Ça fait un peu prétentieux, mais maintenant, j’ai toujours un petit peu trop d’avance sur mes concurrentes», sourit, presque gênée, Carole Perrot. «Et les responsables du Xterra ne veulent pas ça, ils visent une cohérence de temps.»

Ou comment la Jurassienne bernoise va se retrouver dans le wagon des «meilleures mondiales», glisse-t-elle, on ne peut plus réjouie. «Les choses se déroulent parfois sans les provoquer. C’est une opportunité qui m’est offerte, et je suis la première à vouloir essayer de me lancer dans l’histoire! On marque une étape de sa vie en réalisant cela. Et je vais aussi pouvoir m’améliorer avec ce nouveau challenge. Si je peux décrocher des top 10, ce sera déjà de super performances.»

Changement d'avis

Aujourd’hui, Carole Perrot déborde d’enthousiasme, alors qu’elle avait dans un premier temps rechigné à rivaliser avec les pros. En une année, son point de vue a changé. «Quand on m’avait demandé de passer en Elites à la fin de la saison dernière, j’avais refusé parce que je me disais que ce n’était pas compatible avec le fait d’être maman. J’ai une sagesse naturelle qui me fait raisonner pour que tout se déroule au mieux. Mais il est vrai que mes enfants sont grands désormais (17 et 14 ans). Et finalement, je n’aurai pas de contraintes en plus, ça restera maîtrisable. Il n’y aura pas davantage de courses ni d’entraînements, bien que je vais axer ceux-ci beaucoup plus sur le Xterra, sur la technique.»

Je fais du sport pour moi, pas pour brandir des trophées.

Carole Perrot, triathlète de Prêles.

Même si Carole Perrot a de nouveau cartonné cette saison en cross-triathlon, elle ne le pratique pour rappel que depuis le printemps 2021! Lorsqu’à défaut de courses au format traditionnel – sur la distance olympique –, une situation étant alors liée au coronavirus, elle s’était rabattue sur les épreuves hors des tracés goudronnés.

«Parfois, le hasard fait bien les choses. Je suis contente d’avoir découvert cette discipline, je me sens à ma place», lance la polyvalente sportive du Plateau de Diesse, qui n’a de surcroît débuté dans le triathlon qu’en 2014...

Un bémol toutefois: il sera plus ardu de monter sur les podiums internationaux en se mesurant à des athlètes dont c’est le métier. «C’est clair que ça va changer! Mais je fais du sport pour moi, pas pour brandir des trophées», coupe Carole Perrot. «Je suis néanmoins fière de ce que j’ai accompli, étant donné que c’était déjà du haut niveau.»

Selim Biedermann, JDJ

Triathlon: Carole Perrot propulsée au milieu des pros

La triathlète de Prêles a bouclé une très remarquable saison, au terme de laquelle on lui a demandé de monter en catégorie Elites, notamment suite à son titre de championne du monde.