Président de la société Mont-Soleil, Martin Pfisterer a le sens de la formule: «Vingt ans, c'est peu pour un être humain. Juste le temps pour grandir. Pour le photovoltaïque en revanche, c'est pour ainsi dire toute sa vie!» C'est par ces mots qu'il a accueilli hier en fin d'après-midi ses hôtes sur le site de la centrale de Mont-Soleil, à l'occasion de la fête organisée pour célébrer le 20e anniversaire de la société.
Créée le 6 juin 1990 afin de promouvoir la recherche et le développement, celle-ci a écrit une bonne partie de l'histoire de l'énergie solaire en Suisse, a-t-il rappelé dans son allocution. Au fil des ans, la société a investi pas moins de 30 millions, se hissant ainsi au rang de 1er centre de compétence privé de Suisse dans le domaine du photovoltaïque. Mais Mont-Soleil est bien plus qu'un centre de compétence: c'est devenu le symbole de l'innovation solaire en Suisse et au-delà des frontières nationales, car l'esprit Mont-Soleil a inspiré de nombreux projets.
Par exemple l'ouverture du Centre d'essai international de photovoltaïque sur le site, relié aux grands centres de recherches dans le monde (1995); la mise en service du Mobicat, qui reste le plus grand bateau solaire du monde (2001); la mise en service de la centrale photovoltaïque du stade de Suisse (2005), ou encore l'installation d'une centrale solaire sur le hangar d'avions de Payerne qui abrite l'avion solaire Solar Impulse (2009).
Mais si le bilan de ces 20 ans est positif, Martin Pfisterer n'a pas caché quelques déceptions et espoirs déçus. A commencer par le taux d'efficacité des cellules solaires, qui n'a progressé que de 12 à 17% en 20 ans. Il a surtout déploré le manque de soutien des pouvoirs publics. «L'Etat suisse doit s'investir davantage et revoir sa copie en ce qui concerne la promotion du photovoltaïque. Par le biais de la rétribution à prix coûtant du courant injecté, il subventionne dix fois plus les technologies actuelles qui sont bientôt dépassées au lieu de participer aux travaux de recherche et de développement», a-t-il fustigé.
Et de poursuivre en assénant que l'Etat ferait mieux de mettre l'accent sur la promotion de technologies efficaces à long terme. «Puisse l'esprit Mont-Soleil inspirer le Conseil fédéral!», a-t-il lancé, ajoutant aussitôt qu'il y a encore du travail, mais que cela pourrait peut-être changer après le 22 septembre, avec la nouvelle composition du Conseil fédéral.
De son côté, Rudolf von Werdt, un des fondateurs de la société Mont-Soleil, a retracé les origines du projet qui s'appelait alors Phalk. Les fondateurs ont choisi le site de Mont-Soleil pour son ensoleillement, ses infrastructures, son accessibilité durant toute l'année, mais aussi l'enthousiasme des autorités et la proximité de l'Ecole d'ingénieurs.
Maire de Saint-Imier, Stéphane Boillat a quant à lui souligné l'importance de la centrale solaire - mais aussi de la centrale éolienne - pour la région. C'est bien sûr un instrument de recherche, mais aussi de développement pour l'économie régionale, notamment avec le Sentier Découverte. Soulignant que le monde a besoin de visions pour avancer, il a assuré que les communes veulent continuer à soutenir la société Mont-Soleil.
Président du Conseil exécutif, Philippe Perrenoud a salué l'esprit ouvert et innovant des pères de la société Mont-Soleil, et leur culture entrepreneuriale qui ont permis de briser le mur du scepticisme à l'égard du projet. Dénonçant la vision à court terme et le gaspillage des énergies fossiles, il a insisté sur la nécessité de changer en profondeur pour assurer un approvisionnement durable en énergie, ajoutant que dans ce contexte, «les techniques de l'énergie solaire nous offrent des perspectives rassurantes». /POU