Des solutions de réhabilitation avaient été formulées par la section régionale de la LBP. Celles-ci ont pour l'instant été rejetées par la commission de gestion des bâtiments de Saint-Imier. On y trouvait, par exemple, un projet d'affectation culturelle. Mais les coûts de rénovation, estimés à près de 500.000 francs, avaient débouché sur un refus d'entrer en matière du côté des autorités imériennes. Le conseiller technique régional de la LBP, Maurizio Zivalonghi, assure que ces frais ne seraient pas uniquement à la charge de la cité. Des aides au financement pourraient être trouvées, entre autres, auprès du canton, de la LBP, du Service des monuments historiques (SMH) ou par le biais des futurs utilisateurs. L'idée d'un parking couvert avait aussi été évoquée mais cette proposition a définitivement été écartée.
Si les opposants à la démolition du manège (SMH et LBP) et Saint-Imier semblent à présent s'accorder sur sa sauvegarde, la situation est au point mort quant à son avenir concret.
Michel Bastardoz, conseiller municipal en charge du dossier, ne veut plus «s'époumoner dans cette histoire». La LBP soumettra encore des propositions, mais Saint-Imier, qui n'agira pas dans l'illégalité, a son idée. L'élu imérien nous apprend que le musée de Ballenberg a récemment été contacté par courrier: «Et nous attendons une réponse».
Le musée en plein air pourrait, et la solution ravirait toutes les parties concernées, démonter l'ancien manège pierre par pierre pour le reconstruire à l'identique dans les environs de Brienz. Impossible pour l'heure de dire qui financerait le transfert. Selon ses défenseurs, le manège n'a pas seulement une valeur esthétique: «Il est significatif de l'essor et du contexte socioculturel et industriel de Saint-Imier». Selon Maurizio Zivalonghi, «ce n'est certes pas Versailles, mais nous avons voulu rendre attentifs les gens de la région au fait qu'ils possèdent un petit joyau qui fait partie de l'histoire du pays». Dans l'étude établie par la LBP, son année de construction remonte à 1850. Les fenêtres, «des baies à arc trilobé encadrées d'un arc brisé», ainsi que la façade au «décor historisant» sont les principales caractéristiques historiques externes signale le document. De plus, c'est un monument «que l'on ne retrouve nulle part ailleurs dans le canton», souligne la présidente.
La Ligue du patrimoine suisse, sise à Zurich, vient d'ajouter l'ancien manège sur une «liste rouge». Cette dernière détaille toutes les habitations dont la dimension historique est jugée supérieure. Parmi la dizaine de bâtiments signalés sur sol bernois, trois d'entre eux se trouvent dans le Jura bernois. Une preuve, pour Chantal Bornoz-Flück, de la justesse de la démarche de la LBP régionale. L'association se défend d'avoir contacté Zurich. Le fait que le manège figure sur une «liste rouge» ne modifie pas le poids juridique de la LBP. Ce signalement joue surtout un rôle d'information.
Précisons que légalement, il était de toute façon impossible de détruire le manège, sans l'accord du préfet, puisqu'il figure dans le recensement architectural établi par le SMH, institution cantonale. Et que ce dernier a classé l'ancien manège «digne de protection». / MAG