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Les riches heures des sires d'Arguel

Parmi les nombreuses activités d?archivage qui l?occupent, Mémoires d?ici concocte à l?occasion des dossiers qui sont autant de magnifiques témoignages développés du passé régional. Place à l?Erguël.

21 juil. 2007, 12:00

En 999, le roi de Bourgogne Rodolphe III a donné l'abbaye de Moutier-Grandval et ses dépendances à l'évêque de Bâle. L'abbaye détenait de très nombreuses possessions en terre jurassienne, entre autres dans la région connue plus tard sous le nom d'Erguël. La donation de 999 constitue le premier acte de l'établissement du pouvoir temporel de l'évêque dans le Jura. Les effets concrets de cette donation au niveau local nous échappent, faute de sources, mais on peut penser que la région n'a pas connu alors de bouleversements administratifs majeurs.

A une date inconnue, les sires d'Arguel obtinrent l'avouerie sur la région (l'avouerie est une charge détenue par un laïc, consistant à défendre les intérêts temporels d'une institution religieuse). Ces seigneurs, qui donnèrent leur nom à la région, étaient originaires de Franche-Comté. Ils étaient installés dans le château, au-dessus de Sonvilier. En 1264, Otton d'Arguel résigna sa charge d'avoué à l'évêque, charge remise alors au maire épiscopal de Bienne.

On ignore tout des origines du château. Selon le Service archéologique du canton de Berne, le bâtiment dans son architecture actuelle remonte au XIIIe siècle, ce qui n'exclut pas bien sûr des états de constructions antérieurs. De même, on ne sait rien de l'installation des sires d'Arguel dans la région, si ce n'est qu'ils s'y établirent peut-être au XIe siècle. Leur présence ne semble toutefois attestée avec certitude qu'au siècle suivant, lorsqu'on trouva un Henricus de Arguel cité comme témoin dans un acte de 1178.

Aujourd'hui, il ne reste du château d'Erguël que la ruine du donjon et de jolies légendes. On sait qu'en 1762, le pasteur Théophile Rémy Frêne a visité les lieux avec sa femme. C'était déjà 15 ans après qu'il ne soit plus habité, et à cette époque, seule la tour conservait son toit. Après quelques changements de propriétaires, le château a été acquis en 1848 par la bourgeoisie de Sonvilier. En 1929, il fut placé sous la protection de la Confédération, mais il était déjà tard pour cet édifice dont les pierres ont été prélevées par les habitants de Sonvilier pour leurs constructions privées.

Outre la tour, il ne reste aujourd'hui plus que des gravures, croquis et... la légende de la Dame blanche. Philippine, fille de Jean d'Erguël était amoureuse du seigneur de Chauviller. Mais ce dernier, trop peu fortuné aux yeux du père de la belle, n'eut d'autre solution que de l'enlever. Hélas, le père surprit les tourtereaux alors qu'ils s'apprêtaient à fuir et abattit le chevalier. Inconsolable, la jeune fille se laissera mourir de faim. Chaque Noël, à minuit, le fantôme blanc de Philippine erre en pleurant dans les ruines du château.

En 1999, des élèves de Renan et Sonvilier imaginèrent un roman-photo qui se rapportait aux différentes légendes circulant autour de cette ruine, petite mais chargée d'histoire. / bdr

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