La Section des permis de construire avait formulé trois exigences: une nouvelle expertise sur le bruit, un examen lié à la sécurité du trafic et que la commune des Bois se prononce sur ce qui est devenu un épineux dossier. André Bron, chef de ladite section: «Pour ce qui est du bruit, une amélioration sensible a été constatée. Au niveau du trafic, les Ponts et chaussées n'ont pas relevé de problèmes majeurs. Enfin, les autorités locales veulent attendre la révision du plan de zone (réd: qui sera soumis au peuple) avant de prendre une décision.»
A priori, l'agrandissement devrait donc pouvoir se faire. Mais une dizaine d'opposants n'en démordent pas. Une avocate défend leurs intérêts. «Nous allons reprendre point par point, puis statuer», signale André Bron. «Peut-être que quelque chose nous a échappé. On ne peut rien affirmer. Une décision sera prise dans le courant avril. Peut-être que les parties vont se retrouver au tribunal de première instance.» Avec effet suspensif, cela va de soi...
Emile Zürcher, lui, n'a pas le temps d'attendre. «Il nous faut de la place de toute urgence. On prévoit d'agrandir sur 700-800 mètres. Mais avec les commandes qui affluent, c'est de 3000 mètres carrés que nous aurions besoin!» Et le boss de lâcher: «On ira jusqu'au bout s'il le faut. Mais nous nous devons de prendre les devants. On se développera pas très loin des Bois, dans le Jura bernois. J'ai déjà mon idée. Des usines existent.»
Le même, toujours aussi déçu: «Je ne m'attendais pas du tout à ça. Nous sommes en règle. Des gens du coin veulent se développer et on les en empêche. Nous ne sommes pas des Hindous ni des Chinois, encore moins des Américains!» Zürcher Frères SA est à la pointe dans le domaine du frittage et du décolletage. L'entreprise emploie actuellement une quarantaine de collaborateurs aux Bois. Le directeur assure que les emplois sont garantis dans le village. Mais il en créera autant ailleurs, donc dans le Jura bernois. «Nous devons produire trois millions de pièces totalement finies d'ici à la fin de l'année. Il faudra bien que l'on mette des machines ailleurs, afin de revaloriser notre produit. Vous savez, en deux ans, nous avons doublé notre production. Et celle-ci a encore augmenté de 30% sur les deux premiers mois de l'année. Aux Bois, nous avons investi 20 millions en 20 ans!»
Dialogue de sourds. /GST