Les voleurs se sont introduits par effraction en brisant une fenêtre donnant au sous-sol. Les individus ont ensuite pénétré dans les locaux techniques. Les cinq personnes (dont une femme) qui travaillaient de nuit, toutes de nationalité française, ont été prises par surprise. Au point que deux ouvriers, qui disposaient sur eux d'un système d'alarme, n'ont pas eu le temps ni la possibilité de l'actionner.
Menacés, certains employés se sont retrouvés avec un pistolet sur la tempe. Les bandits les ont tous obligés à monter à l'étage où se situe le local «usinage or». Quatre ouvriers ont été attachés avec du papier scotch. Le cinquième a été contraint à amener le quatuor vers le coffre-fort non fermé qui renfermait des carrures de boîte de montre en or gris, rose et jaune, ainsi que des copeaux. Ils ont vidé les paniers dans des sacs, avant d'attacher le dernier employé et de prendre la fuite. Un ouvrier a reçu un coup sur la tête. Lui et ses collègues n'ont toutefois pas été blessés. Ils ont été entendus par la PJ. Ils ont refusé le soutien psychologique et médical qui leur a été proposé, préférant rentrer chez eux, en France.
Combien de temps a duré le casse? Une éternité pour les otages, qui n'ont pas pu être plus précis. Un employé, qui est parvenu à se débarrasser de ses liens, a alors immédiatement donné l'alerte. Il était exactement 2h32. La police jurassienne a déclenché une vaste opération, en collaboration avec son homologue française, les garde-frontière, Courtételle se situant à une petite demi-heure de la France. Sans succès.
Pour ce qui est du montant du butin, le directeur de l'entreprise Philippe Membrez refuse de confirmer les dires de Michel Saner, qui évoque le vol «de plusieurs dizaines de kilos d'or». Or, le kilo d'or se négocie aujourd'hui autour des 26 000 francs. A la disparition du précieux métal, il faut ajouter la valeur ajoutée de nombreuses pièces en or qui avaient déjà été travaillées par les employés. Le montant du brigandage s'élève à plusieurs millions de francs.
Pour la PJ, il ne fait aucun doute que les malfrats, qui s'exprimaient en français, étaient remarquablement renseignés et qu'ils ont bénéficié d'informations de première main. Fournies par un ouvrier? Un ancien collaborateur? Les lieux n'avaient quasi pas de secret pour les voleurs, qui ont emprunté des passages dépourvus de caméras de surveillance. «Pour sûr qu'ils ont aussi effectué des repérages et qu'ils étaient au courant du système de sécurité», ajoute Michel Saner.
Pour le chef de la PJ, le braquage de cette prestigieuse entreprise, sécurisée, avec ses 180 employés est l'affaire de personnes issues du grand banditisme. Il n'est en tout cas pas sans rappeler le hold-up perpétré à Marin en 2004, à l'usine Metalor. Plus de 660 kilos d'or avaient été dérobés par des gangsters français (corses notamment). Ce gros gibier avait toutefois fini par tomber. Les auteurs de ce vol avaient été condamnés par la Cour d'assises de Neuchâtel.
Le butin? Toujours introuvable... / GST