Au sujet des 31 dossiers qu'il a ouverts depuis sa création, le 1er septembre, et qui ont fait l'objet d'un suivi régulier en 2005, les dettes représentatives concernent les crédits bancaires (38%, 309.000 fr.), puis les impôts dus (35%, 284.500 francs). Pas franchement étonnant... En moyenne, l'endettement se situe à concurrence de 58.000 francs.
Ce service spécialisé, sis dans les locaux de Caritas à Delémont, est né de la volonté du Gouvernement jurassien de venir en aide aux personnes surendettées et de les accompagner de manière efficace. L'exécutif a ainsi créé en 2005 une commission permanente de surendettement. Une première helvétique.
Comme l'a rappelé Jean-Marc Veya, le chef du Service de l'action sociale, «on peut bien entendu vivre au-dessus de ses moyens toute une vie si les revenus progressent et s'adaptent». Ce qui n'est évidemment pas toujours le cas, les facteurs de maladie, perte d'emploi ou divorce pouvant faire basculer - souvent du mauvais côté -, la vie du citoyen du jour au lendemain. Combien de Jurassiens doivent faire face à l'engrenage? Difficile de le savoir. A part celles de l'Office des poursuites, aucune statistique n'est disponible.
Claude Hêche n'a rien inventé en constatant que l'endettement est un triste et grave phénomène de société. Mais le ministre, dont on connaît la fibre sociale, veut travailler en amont, en responsabilisant les gens. Et la jeunesse, surtout.
Car selon l'émission de la TSR «A bon entendeur», en Suisse, un ménage sur dix serait fortement endetté, et un jeune sur quatre serait tombé dans le panneau des diverses formes de crédit ou de leasing, via une publicité bien ciblée.
Que se passe-t-il quand les revenus ne suivent pas? Jean-Marc Veya a pris deux exemples. Le premier a trait aux pensions alimentaires non versées: «Au niveau de l'Etat, nous avons actuellement 372 dossiers ouverts pour l'avancement et le recouvrement des pensions. Les montants annuels avancés s'élèvent à 2,4 millions de francs».
Le second touche l'aide sociale: «Près de 1300 personnes sont concernées. Cela représente les 2% de la population, alors que la moyenne nationale se situe à 3%». Et ce constat, implacable, répété en choeur par Maria-Angela Queloz, du Service de l'action sociale, et de Laurent Meli, du Service social polyvalent de Caritas Jura: «La plupart des personnes qui nous demandent de l'aide sont déjà fortement endettées. Il faut à tout prix agir au niveau de la prévention». Car une fois que le «pique-ménage» a sonné à la porte et que les commandements de payer s'entassent, le collet s'est refermé.
Le cercle vicieux, quoi.
A relever que l'aide sociale ne règle aucune dette, mais oeuvre uniquement pour couvrir les besoins élémentaires et courants. Depuis ce mois, Caritas Jura bénéficie de l'appui d'un juriste, engagé à 20%, et atteignable le jeudi après-midi.
Laurent Meli pense qu'entre 5% et 8% des cas, nécessitant une volonté sérieuse du débiteur de changer son comportement, peuvent déboucher sur un désendettement total. «Le désendettement est un luxe que l'on doit pouvoir s'offrir», estime-t-il.
L'Etat jurassien en a bien pris conscience. / GST