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Le forcené de Bienne est jugé irresponsable et sera traité thérapeutiquement

Le Tribunal régional Jura bernois-Seeland a jugé le sexagénaire qui avait tiré sur la police en 2010 non responsable de ses actes. Il devrait être enfermé dans un établissement spécialisé mais il souhaite faire recours.

18 janv. 2013, 13:45
Le "forcené de Bienne" a été jugé irresponsable de ses actes. Il sera enfermé dans un établissement spécialisé.

 

Le retraité biennois qui s'était joué durant une dizaine de jours de la police en automne 2010 a été déclaré irresponsable vendredi par le tribunal. Celui que l'on a surnommé le "forcené" de Bienne sera placé dans une institution psychiatrique en milieu fermé.
 
Peter Hans Kneubühl est resté impassible au moment de l'énoncé du verdict. Durant la lecture du jugement, il a comme durant tout le procès pris des notes sur une feuille. A la sortie de la salle d'audience, le retraité a brièvement regardé le public et la presse. Mais son regard ne trahissait aucune émotion.
 
L'homme qui aura 70 ans cette année entend toutefois faire recours, a annoncé son avocat commis d'office Philipp Kunz. "Nous ne sommes pas heureux avec le verdict", a-t-il expliqué. Le retraité entend être reconnu responsable de ses actes et être jugé sur les faits reprochés. L'avocat a expliqué que son client s'était montré attristé par ce verdict.
 
Troubles délirants
 
Les juges du Tribunal régional Jura bernois-Seeland ont donc suivi l'avis de l'experte psychiatre, estimant à leur tour que Peter Hans Kneubühl souffrait de graves troubles délirants quand il a tiré sur des policiers venus l'arrêter. Un agent de l'unité d'élite bernoise Gentiane avait été grièvement blessé à la tête.
 
Le président du tribunal Markus Gross a longuement lu des passages des carnets intimes du presque septuagénaire afin d'illustrer son état mental et l'apparition au début des années 90 de ses troubles délirants. Peter Hans Kneubühl y évoque avec une grande régularité un Etat fasciste et policier qui n'aura de cesse de le surveiller.
 
Evoquant la police, le retraité écrit: "Ces porcs ne sont pas venus aujourd'hui, je suis encore en vie". Une phrase qu'il écrira plus de 400 fois dans ses carnets au cours des dernières années. "Tout le monde ne veut que ma mort", a aussi écrit cet homme à l'intelligence supérieure à la moyenne.
 
A la lecture de ses écrits, on devine un homme qui vit en marge de la société et se sent persécuté. Il a assimilé l'intervention de la police le 8 septembre 2010 à une "guerre" à laquelle il s'était préparé. "Il était prêt à blesser et à tuer d'autres personnes", a relevé le président. Pour la justice, le sexagénaire s'est rendu coupable à cinq reprises de tentatives de meurtre.
 
Risque de récidive
 
Face au risque de récidive évoqué par l'expertise, le tribunal a ordonné un traitement thérapeutique stationnaire dans un milieu fermé. Une mesure qui correspond au réquisitoire du procureur qui estimait que le retraité n'était pas responsable de ses actes.
 
Le traitement s'effectue dans un établissement fermé tant qu'il y a lieu de craindre que l'accusé ne commette de nouvelles infractions. Le président Markus Gross a rappelé que l'homme qui est assis face à lui n'avait jamais divulgué l'endroit où il a dissimulé son arme et qu'il avait adressé des menaces au nouveau propriétaire de sa maison. Durant le procès, le retraité n'a jamais exprimé de regret, persuadé du bien-fondé de son combat solitaire.
 
Ce procès a aussi soulevé des interrogations sur la procédure. Le retraité a ainsi assumé sa propre défense, même s'il bénéficiait d'un avocat commis d'office, alors qu'une expertise psychiatrique datant de 2011 le déclarait irresponsable. Le retraité a ainsi pu interroger le policier qu'il avait grièvement blessé.
 
Des mystères
 
Le retraité s'était retranché chez lui en septembre 2010 pour s'opposer par la force à la vente aux enchères de sa maison. La police avait bouclé une partie du quartier des Tilleuls et entrepris le siège de sa maison. Mais l'homme avait réussi à échapper aux forces de l'ordre pourtant déployées en nombre. Il était arrêté après huit jours de fuite. Jamais il n'a dévoilé les circonstances de sa cavale.
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