Le verdict est tombé hier après-midi dans un silence de plomb. La jeune maman de 23 ans qui comparassait depuis jeudi devant le Tribunal correctionnel a été condamnée à 24 mois de privation de liberté, avec sursis pendant cinq ans pour lésions corporelles graves et violation du devoir d'assistance et d'éducation à l'encontre de son bébé (lire notre édition d'hier). Elle devra de même régler les frais du défenseur commis d'office de sa petite fille (15 500 fr.), ainsi que les frais de justice (13 700 francs).
Le tribunal, présidé par Pierre Lachat, a ainsi prononcé la peine requise par la substitut du procureur Valérie Cortat, mais a toutefois renoncé à l'amende d'un mois de salaire en raison des frais élevés. La cour n'a donc pas suivi l'avocat de la défense, qui demandait l'acquittement de sa cliente en raison d'un faisceau d'indices insuffisant, assorti d'une indemnité de 5000 fr. pour le préjudice moral subi. L'avocat du bébé s'était pour sa part joint aux conclusions de la substitut du procureur.
Dans ses considérants, Pierre Lachat a souligné que le doute a bénéficié à plusieurs reprises à l'accusée dans cette pénible affaire. Notamment quant à l'origine des lésions au cerveau constatées le 3 mai 2005 alors que la petite prématurée de 28 semaines venait de rentrer de l'hôpital. Par contre, le tribunal est convaincu que les maltraitances subies par l'enfant au mois de novembre 2005 (ecchymoses, ?il au beurre noir, dermabrasions,...) ont bien été réalisées par la prévenue lorsqu'elle était seule avec lui. Aucune blessure n'a de plus été constatée lors de ses séjours à l'hôpital ou à Neuchâtel, où la petite fille est placée en institution avec son frère plus âgé de sept mois. Seul subsiste un doute au niveau des anciennes fractures.
Une grossesse non désirée et très proche de la première, des troubles de la personnalité, le refus d'admettre la réalité, une attidude de dissimulation en tentant de se soustraire aux rendez-vous chez le médecin sont autant de critères qui ont conduit le tribunal à affimer que la maman est bien coupable de ces maltraitances. Pierre Lachat lui a néanmoins octroyé le sursis afin de lui permettre de reprendre un nouveau départ avec sa famille. Il lui a enfin vivement conseillé d'entreprendre une thérapie familiale, comme l'avait conseillé l'expert psychiatre.
La défense a dix jours pour faire recours. / mmo