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La cote des grévistes

Une foule estimée à plus de 5000 personnes a apporté son soutien aux ouvriers face à la direction. Celle-ci a retiré sa proposition de table ronde. Qu'importe pour Unia, qui va forcer la porte! Encore plus de monde que lors de la première grève de novembre 2004, qui avait rassemblé entre 4000 et 5000 personnes. Hier soir, toujours à Reconvilier, ils étaient plus de 5000 d'après les organisateurs du raout - 6000 selon les plus optimistes - à s'être déplacés pour venir soutenir les ouvriers de la Boillat qui mènent une véritable «guerre», selon les termes du représentant du personnel, contre la direction de Swissmetal.

02 févr. 2006, 12:00

Parmi la foule, une pléiade d'élus en provenance du Jura bernois et du canton du Jura, des familles, des cadres, des employés de l'usine, Monsieur et Madame Tout-le-monde, des membres du Groupe Bélier, drapeaux jurassiens au vent

De par ce rassemblement d'une ampleur sans précédent pour la région, les grévistes, qui se trouvaient certes en terrain conquis, ont pu mesurer combien leur cote était grande auprès d'une population, droite dans ses bottes, et alignée tel un seul homme derrière des travailleurs qui n'ont surtout pas l'intention de lâcher du lest, alors que l'on attaque aujourd'hui le neuvième jour de grève.

Plainte dans l'air

Dans l'après-midi, la direction de Swissmetal, devant «l'intransigeance et les conditions du syndicat Unia», avait retiré sa proposition de table ronde, avancée mardi. Cette même direction demeure aussi obtuse que ses ex-futurs collaborateurs: elle discutera lorsque le travail reprendra. Mais Fabienne Blanc-Kühn l'a confirmé hier soir: Unia se rendra quand même ce matin à Zurich pour y rencontrer une délégation du conseil d'administration de Swissmetal, ainsi qu'une délégation de l'organisation patronale Swissmen. Quitte à forcer la porte! Et s'il n'y a personne derrière?

A la tribune, la syndicaliste a une nouvelle fois fustigé l'attitude de Martin Hellweg et consorts. «Sera-t-il possible de renégocier un jour ensemble?», s'est-elle interrogée, tout en brandissant la menace d'une plainte devant un tribunal.

Avant la membre du comité directeur d'Unia, quatre orateurs avaient pris la parole. Pour le représentant du personnel Nicolas Wuillemin, qui aurait - le conditionnel reste toutefois de mise - reçu sa lettre de licenciement, «la grève est l'unique moyen d'assurer notre avenir». Coprésident de la Chambre d'économie publique du Jura bernois (CEP), Jean-Pierre Rérat a qualifié la situation actuelle de «catastrophique» et a exhorté la direction «à entamer immédiatement un dialogue royal et constructif.» Quant au président de l'Union syndicale suisse, Paul Rechsteiner, il a fustigé l'attitude du Conseil fédéral qui n'entend pas se mouiller dans le dossier, et plus spécialement celle du ministre de l'Economie. «C'est tout de même grâce à nos impôts que Joseph Deiss a un salaire à la fin du mois», s'est-il écrié. La foule a salivé. Enfin, l'industriel boudrysan Dominique Lauener a été sans équivoque. «Vous, les ouvriers, avez été trompés. Nous sommes avec vous», a lâché le président de l'Association des décolleteurs.

Jetons et Euro Millions

Au préalable à ces discours tout sauf novateurs, les ouvriers s'étaient cotisés afin de jouer à l'Euro Millions. Quelque 650 francs ont ainsi été récoltés, qui ont permis la validation de 44 bulletins. Aussi, les signes de solidarité affluent de partout. Hier, les députés socialistes au Parlement jurassien, de même que les ministres Claude Hêche et Elisabeth Baume-Schneider, ont décidé de verser au fonds de grève leurs jetons de présence qu'ils toucheront à l'occasion de la séance du 22 février prochain. Chaque élu percevant 226 francs, ce geste digne des meilleurs camarades rapportera 3842 francs aux ouvriers grévistes de la Boillat.

Respect. /GST

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