L'Ours tient au Jura bernois et n'entend pas le lâcher

Le Conseil exécutif en est persuadé: l'avenir du Jura bernois se situe dans le canton de Berne. Et même si la collaboration au sein de l'Arc jurassien doit être renforcée, cela peut se faire sans modification de frontières. Un message clair à l'intention du Grand Conseil.

24 août 2009, 16:50

Ce n'est pas un rapport final! Mais vu l'importance du dossier, le Conseil exécutif a jugé indispensable de fournir toutes les informations utiles au Grand Conseil en septembre et de l'entendre avant de décider de la suite à donner à l'étude de l'Assemblée interjurassienne (AIJ). Dans cette déclaration de 18 pages rendue publique hier, le gouvernement bernois livre bel et bien le fond de sa pensée.

Il plaide notamment en faveur de la piste statu quo +et accepte le principe d'une information interactive organisée par l'AIJ. A condition, toutefois, qu'elle soit complète et différenciée. Berne insiste notamment pour que les relations entre le Jura bernois et Bienne figurent à l'ordre du jour et que les considérations financières de l'AIJ soient relativisées. Il paraît donc nécessaire au Conseil exécutif que les cantons, le CJB et les autorités biennoises participent à ces séances.

Côté détails, la piste des six communes n'a vraiment pas convaincu l'Ours. A ce propos, il note qu'une réduction drastique du nombre de communes peut certes créer des économies. Mais pour ça, pas besoin de créer un nouvel Etat. Il constate que financièrement, le Jura aurait bien plus à gagner que le Jura bernois. L'étude Jeanrenaud? Elle ne repose que sur des données temporelles et oublie bien des éléments tels que le Centre interrégional de perfectionnement. La question du maintien ou non de Berne amputé du Jura bernois dans les hautes écoles n'est même pas effleurée: «En résumé, un nouveau canton n'a de justification que si toutes les réformes structurelles proposées par l'AIJ sont réalisées. Bref, les conclusions d'ordre économique de l'étude Jeanrenaud doivent être évaluées avec circonspection.»

L'Assemblée interjurassienne s'est toujours plainte du manque de collaboration et d'institutions communes entre les deux Etats. Berne conteste cette vision des choses et martèle que «les blocages auxquels l'AIJ fait allusion seraient moindres dans la situation où la volonté jurassienne bernoise de rester dans le canton de Berne serait acceptée par le partenaire jurassien. Il est évident qu'un partenariat entre deux unités dont l'une souhaiterait annexer l'autre est plus difficile qu'entre deux n'ayant d'autre but que la collaboration dans les domaines où elle est utile.»

A entendre leurs Excellences, Berne resterait bilingue même avec un départ du Jura bernois: «Mais le canton ne veut pas ce départ, par conviction et parce que la population du Jura bernois et de Bienne ne s'est jamais exprimée dans ce sens.» Le redécoupage de la Suisse en grandes régions? De la musique d'avenir.

Sûr, le gouvernement bernois ne déclenchera en aucun cas une procédure de vote contre l'avis de la région exprimé par la voix du CJB. Il prendra position définitivement le 4 novembre pour les suites à donner à l'étude. Mais ce n'est qu'après la phase de consultation, à la fin 2010, qu'on approfondira la question d'une éventuelle consultation populaire et ses modalités. /PAB