«J'espère pouvoir incarner l'image d'une Suisse ouverte»

Juriste biennois d'origine angolaise, Ricardo Lumengo est le premier conseiller national suisse de couleur. Son élection met du baume au c?ur du Parti socialiste bernois, qui a subi ce week-end un échec mortifiant.

23 oct. 2007, 12:00

Ricardo Lumengo, quelle surprise de vous voir élu?

Oui, cela d'autant plus que je viens du canton de Berne. Je vais pouvoir incarner, je l'espère, l'image d'une Suisse ouverte et tolérante.

La campagne électorale n'a pas été de tout repos pour l'intégration des étrangers?

On peut même dire qu'elle a eu des relents racistes. Mais ce sont des attaques que j'ai souvent subies dans mes engagements politiques communaux et cantonaux. A moi d'y répondre sous la Coupole fédérale, en amenant la richesse de mes deux cultures.

Justement, qu'avez-vous gardé de l'Afrique et de l'Angola, que vous avez fuis en 1982?

Beaucoup de choses. La chaleur humaine, surtout. La connaissance des enjeux de ce continent, aussi. Mais j'ai également intégré les habitudes et les m?urs de mon nouveau pays. Et ce qui m'énerve chez les Suisses est d'ordre privé.

Serez-vous le mouton noir du Parlement?

Mais je le suis déjà (rires). Celui qu'on a voulu chasser et qui est revenu. Je n'hésiterai pas à monter à la tribune lorsque les débats prendront une tournure populiste ou peu conforme à mes convictions. Le Parti socialiste me donne suffisamment d'indépendance d'esprit pour cela.

Craignez-vous que votre élection soit instrumentalisée?

Le risque n'est pas totalement écarté. Soit en faveur, soit contre l'ouverture du pays. L'image de la Suisse à l'étranger a été écornée. A moi d'essayer de contribuer à la rétablir.

Visez-vous une commission en particulier?

Celle de la politique étrangère m'intéresse. Mais je n'oublie pas les débats intérieurs. Le chômage des jeunes, la formation, la violence juvénile sont des préoccupations essentielles à mon engagement politique.

Le canton de Berne n'octroie pas le droit de vote aux étrangers. Avez-vous le sentiment que ce dossier pourra être relancé par votre élection?

Je l'espère, en tout cas. Mon parti y est favorable. Mais je vais m'engager au Conseil national pour mon pays, la Suisse. / PHC