Grock pose doucement un pied à Porrentruy

Par 22 voix contre 13 et deux abstentions, le Conseil de ville de Porrentruy a donné hier soir son accord de principe à la vente de l'Inter. Mais à une fondation et pas directement à l'association Grockland. Une chose est sûre, le projet de Grock Palace est loin de faire l'unanimité. Ce n'était pas la piste aux étoiles hier dans la salle du Conseil de ville de Porrentruy, mais plutôt une arène, tant les discussions ont été nourries autour du projet de Grock Palace qu'entend réaliser l'association Grockland dans le bâtiment de l'Inter.

07 déc. 2007, 12:00

D'emblée, un élu socialiste a demandé le report pur est simple de point de l'ordre du jour en raison de la rapidité dont a été traité le dossier et des nombreux points d'ombre qui, selon lui, entourent le projet. Les membres du législatif bruntrutain ne l'ont pas suivi, mais, sur demande du groupe PDC et par 21 voix contre deux et 13 abstentions, le libellé de ce point de l'ordre du jour a été modifié comme suit: «Donner l'accord de principe à la vente du bâtiment de l'Inter à la future fondation liée à Grockland pour 750 000 francs et donner compétence au Conseil municipal de fixer les modalités de la vente.» Des nuances qui ont leur importance puisqu'au départ, le libellé prévoyait d'«approuver la vente à l'association». Des garanties devront donc être apportées par Grockland pour faire avancer le dossier. Les discussions qui ont précédé l'entrée en matière se sont surtout résumées à un affrontement droite-gauche, les premiers voulant laisser une chance aux promoteurs, mettant en avant le potentiel touristique et économique du projet, les seconds se montrant plutôt perplexes quant à son financement, parlant même d'«une arnaque annoncée», ce qui n'a pas eu du tout l'heur de plaire à Claude Rebetez, le conseiller municipal en charge de la culture. Ce dernier a préféré parler de «densification culturelle», insistant sur le fait que les autres associations culturelles de la ville auraient toujours accès à la salle de l'Inter. «De plus, cette vente est conditionnée au fait qu'elle soit assurée. Aucun engagement sur les 75 000 francs de subvention annuelle n'a été donné et encore moins sur la couverture du déficit.»

Au final, l'accord de principe de la vente de l'Inter à une fondation a passé la rampe grâce à la droite (sauf l'UDC) par 22 voix contre 13. Mais la décision prise hier soir n'est qu'une toute première étape. Le chemin sera encore long avant que l'esprit du célèbre clown originaire de Loveresse rayonne sur Porrentruy.

L'association Grockland prévoit d'installer un Théâtre des variétés dans la salle de l'Inter, avec spectacles réguliers de music-hall, les étages étant consacrés à des pionniers de l'Arc jurassien et de Suisse. Une brasserie Belle-Epoque, gérée par des privés, y prendrait également place. Quelque 30 000 visiteurs sont attendus la première année d'exploitation. Le projet coûterait sept millions de francs, dont 2,8 millions doivent encore être trouvés par Grockland par le biais de mécènes.

Rappelons que Grockland avait prévu de s'implanter dans les anciens abattoirs de Saint-Imier. Une demande de soutien de deux millions supplémentaires, à mi-novembre, a mis fin de manière abrupte aux discussions entre la Municipalité imérienne et les promoteurs. Entre-temps, ces derniers s'étaient déjà approchés de Porrentruy. /MMO