Si l'ensemble de la branche métallurgique a vécu un exercice 2005 difficile, «nous sommes néanmoins parvenus à faire face de manière tout à fait passable», a commenté hier, à Zurich, Martin Hellweg, le patron de Swissmetal, lors de la présentation du rapport 2005 et l'aperçu du 1er trimestre 2006. Et depuis le début de l'année, le secteur connaît un cycle de forte croissance.
Mais le groupe sis à Dornach (SO) continue de faire face à la faible productivité du site de Reconvilier, dont les employés ont entamé une grève à fin janvier avant de la suspendre après 30 jours dans le cadre de la médiation de Rolf Bloch. Chaque jour, pas moins d'une soixantaine d'employés du site du Jura bernois sont en arrêt maladie. Evoquant le processus du travail en continu, Martin Hellweg a relevé que ce taux d'absentéisme faisait penser à l'existence d'«une véritable équipe maladie». Mais toutes les choses ont une fin, a averti Friedrich Sauerländer, président du conseil d'administration de Swissmetal.
Selon la direction, le coût de la grève oscille entre un et deux millions de francs. Les dirigeants du groupe soleurois, qui jugent celui-ci financièrement solide, ne veulent plus attendre des mois. Réaffirmant son engagement à garantir de 150 à 200 postes dans le Jura bernois et son refus de vendre l'usine, Friedrich Sauerländer a exigé que la situation se normalise ces prochaines semaines. En réduisant de 30 le nombre de licenciements prononcés fin mars à la Boillat, ces derniers passant de 111 à 81, Swissmetal a fait preuve de flexibilité, a-t-il ajouté. Swissmetal «n'acceptera pas que les résultats insatisfaisants de Reconvilier mettent en difficulté tout le groupe».
Sur ce dernier site la valeur ajoutée brute, soit le montant du chiffre d'affaires brut diminué de la valeur du métal au coût standard, a chuté entre janvier et mars de 44% par rapport au 1er trimestre 2005, à 8,7 millions de francs. A Dornach, elle s'est accrue de 13%, à 13,9 millions de francs.
Chez Busch-Jaeger, acquise en pleine grève à Reconvilier pour 9,9 millions de francs et une reprise de dettes de 14,8 millions de francs, la valeur ajoutée brute a bondi de 33%, à 10,4 millions. Celle du groupe, hors consolidation de la société allemande, s'est tassée de 18%, à 22,6 millions de francs, et le chiffre d'affaires brut de 8%, à 48 millions.
Le résultat après impôts s'est néanmoins amélioré, passant en un an de 0,5 à 1,1 million de francs. Le résultat opérationnel (Ebit) a aussi augmenté, en un an, de 0,5 à deux millions. Une performance qui reflète toutefois des ventes de métal, qui ont apporté un revenu supplémentaire de 5,7 millions, a indiqué Yvonne Simonis, cheffe des finances de Swissmetal.
Pour la suite de l'exercice, tant le mouvement social dans le Jura bernois que le rachat de Busch-Jaeger, pèseront sur les résultats. Le groupe étudie un nouveau refinancement, sur lequel Martin Hellweg n'a pas souhaité livrer de détails. Quant à l'exercice 2005, il a clôturé sur un bénéfice après impôts de 3,3 millions de francs, en chute de 81% au regard de 2004, année durant laquelle le résultat avait toutefois bénéficié d'éléments exceptionnels. L'Ebit a aussi dégringolé, passant en l'espace d'un an de 8,4 à 3,4 millions de francs. Le chiffre d'affaires brut s'est contracté de 3%, à 198,3 millions de francs.
Swissmetal a notamment souffert d'une concurrence ravivée ainsi que d'une demande faible pour les produits standards. Sur l'année sous revue, l'effectif du groupe s'est réduit de 5%, à 768 emplois à plein-temps. / ats