Après la multiplication «miraculeuse» des billets de banque lundi et les divers délits reprochés au boulanger mardi, le Tribunal correctionnel s'est penché hier sur une autre affaire, impliquant cette fois-ci le commerce tenu en ville de Porrentruy par le boulanger et son père, âgé de 75 ans.
Moisissures, «petites bêtes», rouille, marchandise avariée, toiles d'araignées, laboratoire sale et on en passe: voilà quelques-uns des termes bien peu ragoûtants que l'on a pu entendre lors de l'audience d'hier. On reproche en effet aux deux hommes plusieurs infractions à la législation sur les denrées alimentaires et les objets usuels, commises à plusieurs reprises entre 2005 et 2006, et ce malgré plusieurs contrôles et avertissements du Laboratoire cantonal, qui ont finalement débouché sur une dénonciation.
Photos et arguments à l'appui, le président Pierre Lachat va tenter de démontrer cette violation grave en matière d'hygiène, soulignant que des remarques avaient été faites à trois reprises en 2005 concernant des installations pas propres ou des denrées avariées, des constatations en outre avérées par la Chambre administrative. Mais les deux prévenus ne se sont pas laissés démonter, parlant d'exagération, prétextant que les contrôles ont été faits à la mauvaise heure ou insistant encore sur les «améliorations» apportées depuis à leur outil de travail.
On a alors pu entendre les témoignages du chimiste cantonal, qui a parlé de sécurité alimentaire non garantie, d'un contrôleur des denrées alimentaires à la retraite qui a expliqué que cela faisait longtemps qu'il y a des problèmes et, enfin, celui d'une jeune collègue qui a, elle, parlé de «la pire situation qu'elle ait connue dans le Jura».
Mais ce n'est pas tout: les deux hommes sont également accusés d'infractions répétées à la législation sur le travail entre 2002 et 2006. Une plainte a été d'ailleurs déposée le 30 juin 2006 par le Service des arts et métiers (Samt) pour manquement à la loi sur le travail, et notamment sur le temps de repos. Un inspecteur du Samt a témoigné hier après-midi que c'était même la première fois qu'il allait jusqu'à la plainte pénale. Un jeune boulanger français, ancien employé de l'entreprise, n'a par contre rien à reprocher à ses ex-patrons, affirmant qu'il pouvait reprendre ses heures supplémentaires en congés. Idem pour une vendeuse, fidèle depuis 31 ans, qui a dit au juge qu'il n'y a rien à dire au niveau du magasin et que rares sont les personnes qui ont rapporté des marchandises.
Suite de cet incroyable procès ce matin, avec le réquisitoire du procureur, suivi des plaidoiries des avocats. /mmo