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Votation du 17 mai: les syndicats rejettent l’initiative contre la libre-circulation de l’UDC

Les syndicats ont pris position sur l’initiative de l’UDC contre la libre-circulation soumise au peuple le 17 mai. Ils rejettent le texte, car celui-ci dégraderait les conditions de travail en Suisse.

24 févr. 2020, 12:24
/ Màj. le 24 févr. 2020 à 14:59
Pierre-Yves Maillard (centre) et les représentants des syndicats ont pris position contre le texte de l'UDC.

Les syndicats ont lancé lundi une campagne d’ampleur contre l’initiative populaire de l’UDC «Pour une immigration modérée» (initiative de limitation). Son adoption démantèlerait la protection des salaires, dégraderait les conditions de travail et isolerait la Suisse.

 

L’initiative de l’UDC et de l’Association pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN) est une «attaque contre tous les gens qui travaillent», a déclaré le président de l’Union syndicale suisse (USS) Pierre-Yves Maillard. Celle-ci vise selon lui à «substituer aux conventions collectives et au contrôle des salaires une concurrence acharnée de tous contre tous».

[L’initiative vise à] substituer aux conventions collectives et au contrôle des salaires une concurrence acharnée de tous contre tous.
Pierre-Yves Maillard, président de l’Union syndicale suisse

 

L’initiative ne fait que prétendre vouloir limiter l’immigration, a poursuivi M. Maillard lors d’une conférence de presse lundi à Berne. Son véritable objectif est plutôt «de redonner le pouvoir aux employeurs sur les travailleurs étrangers, ainsi que la possibilité de décider unilatéralement de leurs conditions d’emploi».

Présidente d’Unia, Vania Alleva met également en garde contre l’initiative: les conventions collectives de travail et les salaires minimums ne pourraient plus être contrôlés et imposés comme jusqu’ici. Cela signerait l’arrêt de mort du principe «des salaires suisses pour tout travail réalisé en Suisse».

«Progrès substantiels»

L’entrée en vigueur des accords bilatéraux a été l’occasion de progrès substantiels, relèvent Travail.Suisse et l’USS. Grâce aux mesures d’accompagnement, les salaires et les conditions de travail sont contrôlés de manière systématique par les partenaires sociaux.

Les abus peuvent ainsi être détectés et sanctionnés et les salaires insuffisants sont corrigés à la hausse. Des salaires minimaux peuvent aussi être introduits dans les branches où les rémunérations se retrouvent sous pression.

Par ailleurs, les conventions collectives sont plus nombreuses, ce qui améliore la protection contre la sous-enchère et les abus, estiment les syndicats. Une acceptation de l’initiative mettrait en danger le dispositif de protection des salaires dont nous disposons, «le plus important et efficace de toute l’Europe».

Les syndicats veulent donc jouer un rôle de premier plan dans cette campagne. Pour cela, ils vont investir entre 300’000 et 500’000 francs. Ils n’ont jamais dépensé autant pour combattre l’initiative d’un adversaire, a souligné l’USS. En outre, la plupart des ménages recevront un journal de votation pour les informer de l’importance des mesures d’accompagnement.

Relations bilatérales en danger

Un «oui» le 17 mai prochain au texte de l’UDC et de l’ASIN mettrait fin aux relations bilatérales avec l’Union européenne, le plus important partenaire commercial de la Suisse, estiment Travail.Suisse et l’USS. Ces relations assurent pourtant des débouchés aux produits et services helvétiques de haute qualité.

«Il en serait aussi fini de notre intégration dans d’importants programmes internationaux, par exemple dans la formation ou la recherche», relèvent encore les syndicats.

Les mesures pour mieux concilier vie professionnelle et privée, promouvoir la formation et la formation continue ainsi qu’une prestation transitoire pour les chômeurs âgés représentent les meilleures réponses pour que la libre circulation des personnes profite à toute la population.
Adrian Wüthrich, président de Travail.Suisse

 

Pour le président de Travail.Suisse Adrian Wüthrich, il serait donc plus juste de parler d’une «initiative de résiliation». «Les mesures pour mieux concilier vie professionnelle et privée, promouvoir la formation et la formation continue ainsi qu’une prestation transitoire pour les chômeurs âgés représentent les meilleures réponses pour que la libre circulation des personnes profite à toute la population», estime-t-il.

Mettre en oeuvre le texte de 2014

L’initiative de l’UDC et de l’ASIN a pour objectif d’assurer la mise en oeuvre du texte contre l’immigration de masse accepté en 2014 par le peuple. Il demande aux autorités de négocier la fin de l’accord sur la libre circulation avec Bruxelles.

Faute de solution, le Conseil fédéral devrait dénoncer l’accord au risque de faire tomber l’ensemble des accords bilatéraux I en raison de la clause guillotine. Outre les syndicats, le Conseil fédéral et la faîtière de l’économie economiesuisse se sont déjà prononcés contre le texte.

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