Les automobilistes âgés de plus de 50 ans ne seront pas contraints de procéder à un examen de la vue tous les dix ans pour conserver leur permis de conduire. Le Conseil des Etats a tenu compte de la levée de boucliers suscitée par cette proposition qui fait partie du programme de sécurité routière Via Sicura. Il l'a écartée hier par 24 voix contre 12. Il n'a pas davantage voulu introduire une limite d'âge de 70 ans pour la conduite des minibus et des autocars. «Aucune statistique ne démontre que les conducteurs âgés provoquent davantage d'accidents que les autres», souligne le président de la commission des transports, Christoffel Brändli (UDC/GR).
Le socialiste neuchâtelois Didier Berberat a été le seul à émettre des doutes. «En 2008, un chauffeur de 81 ans conduisait le car suisse de supporters de la Juventus qui a été accidenté dans le val d'Aoste», rappelle-t-il. «En 2010, un accident de car a coûté la vie à deux personnes à Reckingen, en Valais. Le chauffeur était âgé de 73 ans. Je pense qu'une limite d'âge est nécessaire compte tenu de la responsabilité qui incombe aux personnes conduisant ce type de véhicule.» Vain plaidoyer. Pour la majorité, il ne faut pas stigmatiser les retraités qui rendent de précieux services à la collectivité en offrant leurs services de chauffeurs.
Chicaneries bureaucratiques
La question de l'examen de la vue dès 50 ans a été plus discutée. Selon le projet du Conseil fédéral, la durée de validité du permis s'étendrait jusqu'au 50e anniversaire du titulaire. Elle serait prolongée de dix ans en dix ans pour autant qu'un examen de la vue donne des résultats satisfaisants. Partisan de cette formule, le socialiste jurassien Claude Hêche note que «90% des informations sont enregistrées par les yeux. Or, les examens volontaires mis sur pied par les organisations d'automobilistes montrent que 10% des détenteurs du permis de conduire ne satisfont pas aux exigences minimales et que 40% pourraient nettement améliorer leur acuité visuelle en portant des lunettes ou des lentilles de contact.» La conseillère fédérale Doris Leuthard souligne que les cartes d'identité et les passeports ne sont pas non plus émis à vie.
Le plénum ne s'est pas laissé convaincre. Pour la majorité, il s'agit de chicaneries bureaucratiques. Par contre, personne n'a contesté l'octroi d'un permis de durée limitée aux conducteurs professionnels. Leur permis sera valable entre trois et cinq ans. Sa prolongation dépendra d'un examen médical effectué par un médecin-conseil.
Port du casque obligatoire
En ce qui concerne les cyclistes, l'option sécuritaire l'a emporté. Le plénum a décidé par 22 voix contre 11 que le port d'un casque de protection serait obligatoire pour les jeunes jusqu'à 14 ans révolus. «C'est une limite arbitraire qui donne un mauvais signal aux cyclistes plus âgés», conteste Christoffel Brändli. «Une loi ne remplacera jamais le bon sens», renchérit la Vaudoise Géraldine Savary (PS). La Zurichoise Verena Diener (Vert'lib) rétorque que les enfants sont moins conscients du danger et ont des os plus fragiles. Dans le même ordre d'idée, les enfants de moins de 6 ans ne pourront pas rouler sur une route publique sans être accompagnés. Font exception les zones 30 km/h, les pistes cyclables et les routes peu fréquentées.