Les fronts sont figés. La 10e table ronde contre la violence dans le sport organisée hier à Berne par le conseiller fédéral Ueli Maurer n'a pas permis de rapprocher les positions. Les associations sportives restent toujours aussi opposées à des mesures autoritaires comme le recours obligatoire aux billets combinés (train et entrée au stade) pour les supporters et l'obligation de détenir une autorisation communale pour les grandes manifestations sportives. Cela n'empêche pas la Conférence des directeurs cantonaux de justice et police (CCDJP) d'aller de l'avant. Ces deux mesures figureront dans le projet de révision du concordat contre le hooliganisme qui sera prochainement envoyé en procédure de consultation. «On peut envisager une entrée en vigueur à la mi-2012 dans le meilleur des cas», indique Roger Schneeberger, secrétaire de la CCDJP.
Casseurs romands
Fin août, la banque de données sur les hooligans comportait 1186 noms, révèle le porte-parole de l'Office fédéral de la police Stefan Kunfermann. La majorité de ces casseurs sont domiciliés dans le canton de Zurich (249). En Suisse romande, les Valaisans sont les plus nombreux (83), suivis par les Fribourgeois et les Vaudois (31 chacun), Neuchâtel (29), Genève (18) et le Jura (3). Les personnes enregistrées sont astreintes à des mesures allant de l'interdiction de périmètre ou de stade à l'obligation de se présenter à la police et à la garde à vue. Certaines sont aussi interdites de déplacement dans des pays donnés.
Cela ne suffit pourtant pas. Il ne se passe guère de semaine sans que des bagarres éclatent ou que des trains soient vandalisés. «Il faut faire en sorte que les familles puissent se rendre au stade en toute sécurité», souligne le ministre des Sports Ueli Maurer. Les associations sportives et les clubs partagent cet objectif mais ils s'en tiennent à des mesures ciblées. «Nous sommes prêts à élargir les mesures d'interdiction de périmètre et à renforcer l'obligation de s'annoncer à la police», explique le président de l'Association suisse de football Peter Gilliéron. «Par contre, nous estimons que le billet combiné n'est pas une mesure appropriée. Elle vise tout le monde alors que les fauteurs de trouble sont une minorité».
Marc Furrer, président du conseil de surveillance de la Ligue nationale suisse de hockey, renchérit: «Pourquoi obliger des fans saint-gallois du HC Davos à se rendre d'abord dans les Grisons pour assister à un match à Zurich?». La même opposition se dessine contre la procédure d'autorisation obligatoire, qualifiée d'entrave bureaucratique par les milieux sportifs.
Responsabiliser les clubs
Les cantons estiment au contraire que ces mesures ont prouvé leur utilité à l'étranger et qu'elles contribuent à responsabiliser les clubs. Les autorisations seraient en effet assorties d'obligation comme par exemple le contrôle systématique d'identité des groupes de supporters. Une chose est sûre, la Confédération n'a pas l'intention d'intervenir dans ce débat. Selon Ueli Maurer, la balle est dans le camp des cantons et la priorité ira à des actions décentralisées.
Les CFF ont pris les devants en annonçant la semaine passée un partenariat pilote avec les Young Boys. Jusqu'à la fin de l'année le club de sécurité bernois assurera la sécurité et la propreté à bord des convois spéciaux occupés par ses supporters.