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Une quarantaine de jihadistes partis de Suisse en un an

Une quarantaine de résidents suisses sont partis ou ont l'intention de partir à l'étranger pour mener le jihad, la guerre sainte de l'Islam. C'est deux fois plus que l'an dernier.

05 mai 2014, 13:08
Des militants du Jihad.

Une quarantaine de personnes sont parties de Suisse, ou en ont l'intention, pour aller porter le jihad, selon les données récoltées jusqu'en mai 2014. C'est deux fois plus que l'an passé, constate lundi le directeur du Service de renseignement de la Confédération (SRC). Parmi ces cas, treize sont confirmés.

En mai 2013, le SRC avait enregistré 20 cas dans le monde entier. Sept avaient pu être attestés.

Le conflit en Syrie n'est pas étranger à cette augmentation. Une quinzaine de ces combattants y appuient les insurgés contre le président Bachar al-Assad.

Parmi ceux-ci, cinq cas ont été confirmés, a détaillé devant les médias à Berne Markus Seiler. Cela signifie que "leur présence sur place a été rapportée par au moins deux sources distinctes", a-t-il expliqué, présentant le rapport annuel du SRC. "L'un d'entre eux est revenu et deux sont morts".

Plusieurs voies utilisées

Ces miliciens rejoignent leurs destinations par divers chemins. Ceux qui mettent le cap sur la Syrie passent notamment par les Balkans, par l'Afrique du Nord, ou la Turquie. "Il n'y a par exemple pas besoin d'avoir un visa pour aller en Turquie. Et, à partir de ce pays, il suffit de franchir la frontière pour entrer en Syrie."

Outre la quinzaine de jihadistes qui y sont allés, d'autres résidents suisses voyagent vers la Syrie. Mais ils ne sont de loin pas tous des islamistes, nuance Markus Seiler. Leurs motifs de voyage sont très divers, comprenant notamment les buts humanitaires.

Plutôt d'origine étrangère

Les voyageurs du jihad venant de Suisse sont en majorité d'origine étrangère. "Mais des Suisses convertis à l'islam nourrissent aussi leurs rangs", a ajouté M. Seiler.

Le SRC agit en amont afin de détecter, en Suisse, les individus présentant un risque potentiel. "Via notre monitoring du jihad" conduit en collaboration avec l'Office fédéral de la police (fedpol), "nous abordons ces personnes pour les empêcher de partir". "Plusieurs dizaines de cas nous ont occupés" ces derniers mois, a souligné le directeur du SRC.

Le Service de renseignement mène avec ses homologues cantonaux des auditions préventives avec ces individus pour prévenir les départs de Suisse. Ou il transmet les cas à la Police judiciaire fédérale pour enquête préliminaire. "Nous ne pouvons, en Suisse, pas interdire provisoirement à quelqu'un de sortir du pays, à la différence de certains voisins européens."

Beaucoup moins en Suisse

Mais la Confédération est moins touchée par le phénomène des voyageurs du jihad que de nombreux autres pays, européens notamment, a tempéré Markus Seiler. Certains de ces Etats rapportent près de 700 cas.

Les raisons sont à chercher du côté d'une certaine "aisance sociale". L'absence de ghettoïsation y contribue aussi. "Nous avons en Suisse peu d'étrangers qui sont en recherche identitaire", a résumé le haut fonctionnaire. "Il n'y a pas non plus de chefs recruteurs" actifs sur le territoire de la Confédération.

Unité "Cyber"

Autre sujet évoqué lors de cette conférence de presse, celui de la criminalité sur Internet, et l'aspect "cyber". L'unité "Cyber SRC" a débuté ses activités et le recrutement de spécialistes en début d'année. "Nous ne disposions pas du budget nécessaire avant", a précisé Markus Seiler.

Cette unité doit recueillir des informations sur les acteurs et les menaces issues du monde virtuel. Elle doit prévenir les attaques et les contrer si elles se produisent. Là aussi, le SRC coopère avec d'autres services, que ce soit MELANI (Centrale d'enregistrement et d'analyse pour la sûreté de l'information), fedpol et l'armée en Suisse, ou ses partenaires internationaux.

Surveiller la toile nécessite des ressources conséquentes. Le directeur du SRC a regretté que les postes de travail consacrés à ce domaine demeurent "modestes, ce qui est typiquement suisse". Rien que pour la période 2014-2017, moins de 30 postes seront créés au niveau fédéral. Le SRC n'héritera que d'une partie d'entre eux.

Les révélations d'Edward Snowden ont à ce sujet mis en évidence la question cruciale de la sécurité des informations. Le captage d'informations a atteint une nouvelle dimension, a reconnu le chef du SRC.

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