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Une initiative pour revaloriser la médecine de famille

La médecine de famille est menacée de disparition. Convaincus qu'elle doit être au cœur du système de santé, les praticiens lancent une initiative pour la revaloriser. Pour le bien de tous.

02 oct. 2009, 10:15

«Dans six ans, la moitié des médecins de famille exerçant actuellement seront à la retraite, les trois quarts dans douze ans: 4700 praticiens à remplacer», avertit Peter Tschudi, professeur à Bâle et président du comité d'initiative. Or, seuls 10% des étudiants en médecine privilégient cette voie, parce qu'elle n'est plus attractive. «Il est minuit moins une!», lance Hedi Decrey, médecin à Pully.

Malgré une grande manifestation le 1er avril 2006 sur la Place fédérale, les médecins de famille n'ont rien obtenu sur le plan politique, au contraire. «Après la colère, des actes», ont-ils alors décidé. L'instrument de l'initiative populaire a été choisi pour provoquer un large débat sur le rôle de la médecine de famille et imposer des décisions politiques. La récolte de signatures a commencé hier.

Le texte de l'initiative est relativement long. Le noyau consiste à dire que la Confédération et les cantons «préservent et soutiennent la médecine de famille comme composante essentielle de la couverture médicale de base et comme voie prioritaire pour le traitement des maladies et des accidents, ainsi que pour les questions liées à l'éducation à la santé et à la prévention».

La médecine de famille est au cœur de tout système de santé bien conçu, explique Peter Tschudi. Elle règle 90% des cas qui lui sont soumis et n'en transmet que 10% au spécialiste ou en clinique. Et elle occasionne moins de 25% des coûts. En outre, le vieillissement de la population engendrera des affections souvent mieux prises en charge par les médecins de famille: il en faudra donc davantage.

Il faudrait un médecin de famille pour 1000 habitants. En Suisse, on en est à 0,6 (en baisse depuis dix ans). Bientôt, seuls les gens privilégiés trouveront un médecin de famille.

«Les autres iront aux urgences et services ambulatoires des hôpitaux, qui coûtent le double et qui sont déjà débordés par des files d'attente», témoigne Sven Streit, jeune médecin bernois sortant de stage en clinique.

Pour éviter un décalage insurmontable entre le besoin et l'offre en médecins de famille, l'initiative entend valoriser la profession au plan de la formation (postgrade de cinq ans) et des conditions (rémunération, gardes), tout en veillant à une répartition régionale équilibrée, indique François Héritier, médecin à Courfaivre (JU) et vice-président de la nouvelle association «Médecins de famille Suisse». La rédaction du texte de l'initiative a été confiée à l'ancien directeur de l'Office fédéral de la justice Heinrich Koller.

Selon lui, la Constitution ne donne aujourd'hui aucune orientation à la politique de la santé. Elle évolue en fonction de la force des lobbies, une situation dans laquelle la médecine de famille est perdante. Il faut donc une pression du public, par l'initiative populaire, pour corriger le tir. /FNU

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