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Un stand de Formule 1 au royaume des brochets

06 août 2009, 04:15

Entre l'autoroute A9 et les citernes d'une compagnie pétrolière, la «gouille» du Duzillet, dans le Chablais vaudois, aurait pu rêver plus bucolique. Mais pour les plongeurs, c'est un petit paradis sous-marin où perches et brochets côtoient la Ferrari de Michael Schumacher.

Malgré l'orage qui menace, des baigneurs se prélassent sur les rives herbeuses du petit lac, en cette fin de journée d'été. Bouteilles sur le dos, engoncés dans leurs combinaisons de néoprène, d'étranges visiteurs surgissent de derrière les arbres. Une demi-douzaine de plongeurs du club montheysan «La Coulée douce» se mettent à l'eau.

L'idée a germé dans la tête de Florian Labanti, dit Flo, instructeur à «La Coulée douce». «D'autres sites de plongée ont leurs sculptures. Alors pourquoi pas au Duzillet? Il est peu profond et accessible aux débutants.» A une profondeur de 6 mètres, une accorte sirène en deux dimensions accueille le visiteur. «Nymphea» a été mise à l'eau pour la journée des femmes, le 8 mars 2001, spécifie un panneau. Sur le socle de la créature d'aluminium, deux écrevisses agitent leurs pinces. Quelques perches passent, irisées par un rayon de soleil. La promenade se poursuit à la rencontre d'un surfeur, d'un vélo et d'une famille de kangourous colonisée par des moules. Soudain, un stand de F1 apparaît, à 7 mètres de fond - ce n'est donc pas une hallucination due à l'ivresse des profondeurs. A l'échelle 3/4 et en trois dimensions se dresse la réplique de la Ferrari de Michael Schumacher. Le déboulonneur et le ravitailleur gravitent autour du bolide et de son pilote. Sens du détail: tous arborent des lacets rouges. Derrière, on aperçoit le célèbre cheval cabré de la marque italienne.

«La Formule 1, c'est plus d'une centaine d'heures de travail», s'enthousiasme Flo. A base d'acier inoxydable récupéré, elle a été créée par deux plongeurs du club, Mario et Johnny, passionnés de F1. Une semaine après la mise à l'eau de l'engin, début avril 2007, Mario perdait la vie lors d'un grave accident de plongée sur une falaise dans le lac de Neuchâtel. «On a poursuivi la construction du stand en sa mémoire, comme il l'aurait fait», explique Florian Labanti. De l'émotion perce dans la voix de ce grand gaillard. De temps à autre, on peut voir une rose posée au fond de l'eau, près de la Ferrari.

Le parc de sculptures du Duzillet a acquis sa petite réputation auprès des bulleurs romands, attirant des clubs de Fribourg, Genève, Neuchâtel et de Berne. Mais ce genre d'initiative ne fait pas l'unanimité. «Je comprends que certains n'aiment pas qu'on rajoute un élément dans un milieu naturel. Mais les statues ne dérangent pas les poissons. Ce sont devenus de véritables HLM à écrevisses!», constate ce passionné.

Les plongeurs entretiennent le site et organisent des ramassages de déchets. Ce qui leur vaut «plutôt des remerciements» de la commune d'Ollon, précise Florian Labanti. Un coup de tonnerre retentit, le déluge s'abat sur la gouille. Deux plongeurs font surface, hilares. «On a vu un brochet, il était comme ça!», s'exclament-ils en élargissant démesurément les bras.

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