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Sus aux salaires mirobolants

La pression s'accroît contre les bonus. La Jeunesse socialiste a déposé son initiative 1:12 qui cherche à plafonner les rémunérations des dirigeants.

22 mars 2011, 12:12

Les milieux économiques se sont montrés jusqu'ici incapables de se mettre d'accord sur une révision du droit des actionnaires propre à mettre un frein aux bonus mirobolants des grands dirigeants. Ils ne pourront pas continuer indéfiniment à tergiverser sur un contre-projet à l'initiative Minder, car un nouveau front vient de s'ouvrir contre les rémunérations excessives.

La Jeunesse socialiste a déposé hier à la Chancellerie fédérale son initiative «pour des salaires équitables», qui veut limiter de 1 à 12 l'écart entre les salaires dans les entreprises. Le projet se distingue par sa simplicité. Il a recueilli quelque 130 000 signatures.

Pour le nouveau président de la Jeunesse socialiste David Roth, l'initiative 1:12 n'a rien à voir avec l'initiative Minder. «Les objectifs sont différents», souligne-t-il. «L'entrepreneur Thomas Minder veut renforcer le droit des actionnaires, alors que notre but est de laisser le peuple fixer les règles du jeu.».

Le projet est soutenu par le Parti socialiste et les syndicats. Le président du PS Christian Levrat figure dans le comité d'initiative, tout comme le président de l'USS Paul Rechsteiner et le co-président de Syndicom Alain Carrupt. Selon ce dernier, l'initiative 1:12 est meilleure que l'initiative Minder, car elle fixe une limite claire.

En vertu du texte qui sera soumis au peuple d'ici environ deux ans, le salaire le plus élevé ne doit pas être plus de 12 fois supérieur au salaire le plus bas, y compris les prestations en nature. «Si l'on prend comme point de départ le salaire minimum de 4000 francs par mois qui est prôné par notre initiative sur le salaire minimum», explique Alain Carrupt, «le salaire maximum ne pourrait pas dépasser 50 000 francs par mois. Ce qui est déjà considérable. Dans notre syndicat, les différences de salaires vont de 1 à 2,8.»

D'après David Roth, la crise n'a pas mis fin aux excès. «Les rémunérations des top managers ont encore augmenté en 2009. Ils ont perçu en moyenne quelque 4 millions de francs dans l'année, soit 73 fois plus que le salaire actuel le plus bas.» Le jeune socialiste juge l'initiative modérée. «Il n'y a que 4% des entreprises qui seraient touchées par le plafonnement que nous préconisons.»

L'argument ne suffit pas à tranquilliser les milieux patronaux. «C'est une question de principe», souligne le directeur de l'Union patronale suisse Thomas Daum. «Ce n'est pas au législateur de déterminer l'échelle des salaires. C'est l'affaire des entreprises, ou des branches là où il y a une convention collective de travail. Il ne faut pas oublier que de nombreuses entreprises étrangères se sont implantées en Suisse ces dernières années. Elles ont une autre approche salariale.» D'une façon générale, Thomas Daum estime que la politique salariale suisse n'a rien d'excessif. «Notre marché du travail s'en porte bien. Seuls les pays nordiques ont une échelle des salaires plus resserrée que la nôtre.» /CIM

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