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Ringarde, la Journée internationale de la femme?

A l'occasion du centenaire de la Journée internationale de la femme, Etiennette Verrey, présidente de la Commission fédérale pour les questions féminines, livre son sentiment sur la nécessité d'une telle journée.

08 mars 2011, 12:21

Droit de vote, accès à la contraception et à l'interruption de grossesse… En Suisse, après une longue lutte, les chevaux de bataille du mouvement féministe sont désormais élevés au rang d'acquis sociaux. Et si des progrès restent à faire, notamment en terme d'intégration professionnelle (postes cadres, égalité salariale), les avancées sont indéniables. Dans ces conditions, la journée du 8 mars a-t-elle encore un sens? Les réponses d'Etiennette Verrey.

En Suisse comme ailleurs, on fête chaque année la Journée de la femme. Les efforts fournis au quotidien ne suffisent-ils pas?

Non. Si, d'un point de vue légal, nos buts sont atteints, la réalité montre qu'il reste encore énormément à faire. La conciliation des sphères privée et professionnelle ainsi que la possibilité de faire carrière à temps partiel, par exemple, sont toujours des questions délicates. La journée du 8 mars est l'occasion de rappeler ces enjeux et de raviver le débat au sein de la société.

Pensez-vous qu'un jour, cette tradition pourra être abandonnée?

Oui et non. Si l'égalité était atteinte de façon effective, il ne sera peut-être plus nécessaire de garder cette journée. La maintenir pourrait cependant nous permettre de nous souvenir que des femmes se sont battues pour leurs droits, que rien ne s'est fait de soi. Je doute que la Journée de la femme disparaisse un jour. L'apparition de mouvements misogynes tels que l'antiféminisme redonne tout son sens à cette journée.

De façon générale, la mobilisation féministe est-elle toujours aussi importante aujourd'hui?

Pour les grandes organisations telles que la nôtre et certains cercles politiques, oui. De par mon expérience professionnelle notamment, mais aussi dans ma vie privée, j'ai pu cependant remarquer que les jeunes femmes ne se sentent pas toujours concernées. Elles sont nées à une époque où le droit de vote féminin relève de l'acquis, et elles sont bercées depuis leur plus tendre enfance par un discours prônant l'égalité. Elles croient donc que les revendications féministes appartiennent au passé. Toutefois, au moment de leur entrée dans le monde du travail ou à l'arrivée du premier enfant, elles s'aperçoivent rapidement que la réalité est toute autre. Les consciences s'éveillent alors, et certaines d'entre elles militent à leur tour.

Quelle est la grande priorité du féminisme aujourd'hui en Suisse?

Il y en a plusieurs, mais à mes yeux il est urgent de se pencher sur les problèmes financiers liés au divorce et à l'autorité parentale: le système actuel qui a tendance à précariser la femme mais à protéger l'homme matériellement. Au moment du divorce, il faudrait également qu'une convention claire soit établie entre les conjoints afin de déterminer le rôle de chacun dans l'éducation des enfants. L'un ou l'autre parent ne doit pas se retrouver seul à tout affronter. /CHM

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