Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Revaloriser le rôle du médecin de famille

17 sept. 2011, 11:26

Oui, la médecine de famille doit être revalorisée, dans la mesure où elle est une composante essentielle du système de santé qui n'est pas toujours reconnue comme telle. Mais l'avenir commande qu'elle soit intégrée dans une médecine de base complète, interdisciplinaire, évolutive.

C'est dans cette perspective que Didier Burkhalter a placé, hier, le contre-projet direct que le Conseil fédéral entend opposer à l'initiative populaire «Oui à la médecine de famille», déposée en avril 2010. Un contre-projet transmis au Parlement dans une version un peu remaniée, après un accueil plutôt négatif en consultation.

Traitement inégal

L'initiative réclame la reconnaissance des médecins de famille comme assurant, pratiquement à eux seuls, la médecine de base. Elle charge la Confédération de nouvelles compétences en matière de formation, de répartition géographique ou de juste rémunération.

D'emblée, le ministre de la Santé a lancé ses services sur la préparation d'un contre-projet qui élargirait la notion de médecine de base. «Un article constitutionnel ne peut pas garantir la promotion d'une seule branche professionnelle», a-t-il fait valoir. Outre une inégalité de traitement, il y aurait un décalage par rapport aux défis à venir.

Pour avoir envisagé un peu trop de nouvelles compétences fédérales, la première version du contre-projet s'est attirée, en consultation, les foudres des cantons, parmi beaucoup d'autres. La seconde version, présentée hier, a donc corrigé ce point.

Lancer la discussion

Mais elle n'échappera pas aux autres oppositions. En gros, la gauche et le centre préfèrent l'initiative, alors que la droite ne veut ni de l'initiative, ni du contre-projet. Alors, on laisse tomber? Didier Burkhalter ne s'avoue pas vaincu. Mais, dans ces conditions, quelles chances donner au contre-projet? «La chance énorme de lancer une discussion!», répond-il.

Ce n'est pas qu'une boutade. Car le contre-projet veut inscrire la médecine de famille dans une perspective plus large. C'est-à-dire une médecine de base en réseau, coordonnée et multifontionnelle. Les médecins de famille y joueront un rôle clé, mais avec d'autres: infirmières, physiothérapeutes. A l'avenir, avec le vieillissement de la population, la médecine se jouera dans un contexte interdisciplinaire.

Place aux nouveaux

Didier Burkhalter y ajoute une autre considération. Le contre-projet, dit-il, doit tenir compte des «vœux et intérêts d'une nouvelle génération de médecins de famille». Des gens qui ne veulent plus travailler 15 heures par jour et le week-end, des femmes qui visent un temps partiel pour avoir une vie familiale, etc.

Si le cabinet individuel tend à disparaître pour ces raisons, notamment dans les régions périphériques, il faut mettre en place des conditions favorables pour des unités de soins plus grandes, des cabinets de groupe, des centres de santé. «La médecine de base est en pleine évolution: il faut s'y adapter», estime le conseiller fédéral.

Mille étrangers par an

Pour le reste, Didier Burkhalter peut envisager des transferts de compétences, mais ce ne sera pas dans le contre-projet. Il serait souhaitable, par exemple, que les études de médecine ne soient plus seulement l'affaire des cantons.

Car un problème se pose. S'il n'y a pas pénurie générale de médecins, si ce n'est ponctuellement dans certaines régions, c'est grâce à l'engagement d'environ 1000 médecins étrangers par an, pendant qu'on en forme 800 en Suisse. Ca coûte moins cher, mais ça n'est pas très correct à l'égard des pays concernés.

Tarifs à revoir

Quant au calcul, dans le système de tarification médicale Tarmed, des prestations non techniques (dites intellectuelles), comme le dialogue avec un patient, il serait juste de le revoir en faveur des médecins de famille.

Mais la Confédération ne doit intervenir qu'à titre subsidiaire, si les partenaires (médecins entre eux et avec les assureurs) ne s'entendent pas.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias