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Rares sont les mariées à conserver leur patronyme

En Suisse, seule une petite minorité de femmes mariées décident de garder leur nom de jeune fille.

23 déc. 2013, 10:16
Le manque de succès du nouveau droit interpelle.

Les mariées qui décident de garder leur patronyme sont une petite minorité en Suisse. Elles bénéficient pourtant de cette possibilité depuis janvier 2013, mais ne semblent pas pressées de profiter de ce nouveau droit. Car la pression sociale reste forte, et l'ancien modèle est encore celui qui est implicitement choisi.

Peu de femmes ont jusqu'à présent osé ce changement. Dans le canton de Vaud, seules 5 à 10% des femmes mariées en 2013 ont gardé leur nom. Même constat en Valais ou dans le Jura. "C'est presque toujours l'ancienne pratique qui a cours", remarque la responsable de l'état civil à Delémont.

Le canton de Bâle-Ville en recense un peu plus: 30% environ. Cependant, le fort taux de mariage entre étrangers, qui ne sont pas soumis au droit suisse en ce qui concerne les patronymes, fausse un peu les statistiques. Berne et Zurich n'ont pas de chiffres et renvoient à l'Office fédéral des statistiques, qui ne publiera rien avant juillet 2014.

Un échec

Le manque de succès du nouveau droit interpelle. Jean-François Ferrario, responsable de l'état civil du canton de Vaud, trouve ces chiffres "très surprenants". "Cette loi partait d'une volonté d'égalité entre hommes et femmes, mais c'est visiblement un échec", constate-t-il.

Nicole Langenegger Roux refuse ce défaitisme. Le nouveau droit "est clairement une avancée", défend la directrice du secrétariat valaisan à l'égalité et à la famille. "Les lois sont là pour empêcher les inégalités. Elles ne peuvent imposer un modèle, mais elles contribuent à changer une société."

Tout ne se fait pas en un jour cependant. "Il faut changer de modèle et laisser aux gens et à la société le temps de s'adapter", ajoute la Valaisanne, dont le canton préside cette année la Conférence latine des bureaux de l'égalité.

La pression de la société n'est pas non plus la même que l'on habite dans une grande ville ou dans un village. Ainsi, la ville de Genève fait figure d'exception, avec 37% de femmes qui ont gardé leur patronyme.

"Bizarre et pas pratique"

Mais pour la grande majorité des femmes, les idées reçues, les habitudes ou la pression sociale rendent les nouveautés moins évidentes. Sarah, une journaliste valaisanne trentenaire, se serait ainsi sentie comme "une femme tyrannique qui impose tout à son mari" si elle avait choisi de garder son nom de famille.

Martina, une Autrichienne qui s'est unie à un Suisse en novembre, aurait trouvé "bizarre et pas pratique" de ne pas porter le même nom que ses enfants: "Les gens auraient pensé que je ne suis pas la vraie mère". En effet, selon le nouveau droit, si les futurs mariés gardent chacun leurs patronymes, ils doivent alors décider lequel les enfants porteront.

Belle-famille mécontente

Celles qui ont choisi un autre modèle sentent peser sur elles le regard des autres. "J'ai décidé de garder mon nom de jeune fille. Ça m'aurait fait bizarre de changer d'identité, de prendre le nom de quelqu'un d'autre", explique cette Valaisanne de 32 ans qui s'est mariée en septembre.

Elle a demandé à rester anonyme, car "c'est un sujet très délicat". Son choix a suscité des réactions négatives, notamment de la part des personnes âgées ou de la famille de son mari. Et la jeune femme de soupirer: "la loi va plus vite que la société, heureusement pour moi!"

Un nom, une famille

Celles qui choisissent de se séparer de leur nom de famille invoquent de nombreuses raisons: le côté pratique, lorsqu'elles ont un patronyme étranger ou l'unité de la famille, symbolisée par l'uniformité du patronyme.

"Je suis fière de porter le nom de mon mari parce que ça montre qu'on forme maintenant une famille", explique Martina. "Le nom, c'est l'appartenance à la famille", renchérit Nancy, une Jurassienne de 28 ans, unie depuis octobre à un Ivoirien.

Nicole Langenegger Roux reste optimiste et veut croire que le fait qu'une femme garde son nom lors de son mariage se banalisera.

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