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Quelle tactique adoptera le PS?

13 sept. 2011, 10:55

Et si ce n'était pas la bourgeoise-démocrate Eveline Widmer-Schlumpf, mais le libéral-radical Johann Schneider-Ammann qui était le plus menacé par la démission de Micheline Calmy-Rey? Cette thèse, accréditée par la presse dominicale, était battue en brèche, hier, par le président du Parti socialiste, Christian Levrat. «Simple spéculation journalistique», nous a-t-il déclaré dans la salle des pas perdus du Conseil national. «On ne peut pas faire de pronostic intelligent sans connaître le résultat des élections fédérales du 23 octobre.»

Et pourtant, le scénario circule bel et bien dans les rangs du PS. Pour le conseiller national fribourgeois Jean-François Steiert, élire un socialiste en lieu et place de Johann Schneider-Ammann permettrait d'éviter un glissement à droite du Conseil fédéral et de maintenir sa majorité antinucléaire.

Délicate équation

Ancien secrétaire général du PS, le Fribourgeois a sorti sa calculette après l'annonce du départ de Micheline Calmy-Rey. Son remplaçant sera élu le 14 décembre. Il s'agit de résoudre l'équation délicate posée par le siège d'Eveline Widmer-Schlumpf que le PS se résout difficilement à abandonner à l'UDC et par le déroulement de l'élection qui s'inscrit dans le cadre du renouvellement global de l'exécutif. Comment préserver au mieux les deux sièges gouvernementaux de la gauche, sachant que l'élection du successeur de Micheline Calmy-Rey n'interviendra qu'après la désignation des six autres membres du collège? «Elle ne nous a pas fait un cadeau avec son respect des institutions», grommelle le socialiste genevois Carlo Sommaruga.

Pour Jean-François Steiert, la concordance n'implique pas forcément de gouverner avec l'UDC. Selon lui, il est néanmoins politiquement réaliste de penser que l'UDC trouvera une majorité au sein des partis bourgeois pour lui donner le deuxième siège auquel elle prétend. «C'est une question de rapport de force.»

Reste à savoir qui sera victime de l'opération. Pour l'UDC et le PLR, il va de soi que ce sera Eveline Widmer-Schlumpf, car la force électorale de son parti ne justifie pas l'octroi d'un siège gouvernemental. Pour la gauche et le PDC, ce n'est pas si simple, car ce sont eux qui ont fait élire la Grisonne il y a quatre ans, en lieu et place de Christoph Blocher. «Si les élections fédérales placent le PDC et le PLR à égalité, le PDC sera tenté de défendre le siège d'Eveline Widmer-Schlumpf comme un siège centriste, au détriment du PLR», note le stratège fribourgeois. «Cela pourrait servir nos propres objectifs. Un Conseil fédéral composé de deux socialistes, deux UDC, un radical, une PBD et une PDC serait toujours à majorité antinucléaire.»

Ce scénario dépend évidemment du résultat des urnes le 23 octobre. «Rien n'est joué. Les équilibres se jouent à quelques voix près», souligne Christian Levrat. Celui-ci estime que l'on ne peut pas tirer des plans sur la comète à ce stade, mais il reconnaît que le siège d'Eveline Widmer-Schumpf met les socialistes en devoir de choisir entre le respect de la continuité et celui de la concordance arithmétique. Premier élément de réponse: le président du PS considère la Grisonne comme une ministre compétente, alors qu'il conteste cette qualité à Johann Schneider-Ammann. «N'en tirez pas des conclusions trop rapides», demande-t-il. «Nous ne sommes pas dans un système où l'on donne des notes aux conseillers fédéraux. Le système repose sur le poids politique des partis.»

Le président du PS veut garder toutes les options ouvertes. Cela ne l'empêchera d'observer l'effet des ballons d'essai lancés par les membres de son groupe.

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