Les noms disparaîtront-ils bientôt des sonnettes? La question mérite d’être posée depuis l’introduction du nouveau règlement européen sur la protection des données (RGPD). La ville de Vienne a récemment épinglé la plus grande régie immobilière de la capitale autrichienne à la suite de la plainte d’un locataire estimant que la mention de son nom sur sa sonnette était une atteinte à sa vie privée, ainsi que le révèle Die Zeit.
La régie a immédiatement réagi en retirant les étiquettes de sonnettes de ses 220 000 appartements à Vienne et en les remplaçant par de simples numéros. En Allemagne, une association de propriétaires immobiliers recommande à ses 990 000 membres de prendre en compte les souhaits des locataires en la matière.
Protéger les victimes de harcèlement
De telles mesures pourraient aussi être appliquées en Suisse. Interrogé par 20 Minuten, l’avocat zurichois Martin Steiger spécialiste de la protection des données comprend l’intérêt d’anonymiser les sonnettes des immeubles, en particulier pour les victimes de violences ou de harcèlement.
Selon le préposé à la protection des données du canton de Thurgovie, il faut surtout éviter que la mention du nom sur une sonnette ne révèle des informations personnelles. Fritz Tanner explique qu’une maison de retraite a dû retirer les noms sur les portes, afin d’éviter que les données sur l’état de santé des résidents ne soient accessibles à des tiers.
Dérive dangereuse
Néanmoins, Martin Steiger note que faire disparaître les noms aurait davantage d’inconvénients. Et l’avocat d’illustrer le cas d’ambulanciers qui peineraient à trouver une personne en situation d’urgence par exemple. «Rien n’est prévu dans la législation sur la protection des données. Le règlement de base ne s’applique pas aux étiquettes de porte ou de sonnette. La protection des données est ridiculisée par de telles absurdités», déplore l’avocat zurichois, qui rappelle que la loi suisse exige que les noms apparaissent sur la porte.
«Une telle démarche est exagérée», résume Monika Sommer, président de l’Association suisse des propriétaires (HEV), Selon elle, des numéros ne sont pas une garantie de protection de la sphère privée et rendraient plusieurs situations de la vie courante inutilement compliquées. «Comment un livreur de pizzas est censé retrouver ses clients? Et si un ami vous rend visite, doit-il vous appeler avec son téléphone mobile pour savoir où vous habiter?»