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Procès: le pédophile suisse qui aurait sévit en Thaïlande décrit ses actes comme des "jeux"

Le procès du Suisse soupçonné d'avoir exploité sexuellement plus de 80 garçons en Thaïlande s'est poursuivi ce mercredi à Bulle. Trois enquêteurs de la police fribourgeoise sont venus à la barre pour décrire leurs investigations.

07 févr. 2018, 19:55
Le procès du pédophile suisse soupçonné d'avoir exploité sexuellement plus de 80 garçons en Thaïlande s'est poursuivi mercredi à Bulle (FR).

Le procès du pédophile suisse soupçonné d'avoir exploité sexuellement plus de 80 garçons en Thaïlande s'est poursuivi mercredi à Bulle (FR). Le prévenu nie une bonne partie des faits et décrit comme "des jeux" les actes sexuels des jeunes qu'il prenait en photo.

Arrivé menotté, le prévenu s'est vu libérer les mains à condition qu'il se tienne tranquille. De fait, le solide septuagénaire d'origine lucernoise aux cheveux en brosse a maintenu son regard devant lui et n'a pas bronché durant les auditions des dénonciateurs.

Trois enquêteurs de la police fribourgeoise sont venus à la barre pour décrire leurs investigations. Ils ont eu la lourde tâche d'examiner des milliers de photos et vidéos mettant en scène les victimes. Des détails physiques, comme des oreilles spéciales ou une cicatrice, permettaient de les reconnaître.

"On les voyait grandir"

Certains enfants apparaissaient régulièrement sur les clichés, tous lieux confondus et au fil des années, explique une enquêtrice. "On les voyait grandir au fur et à mesure des fichiers."

Les agents sont allés en Thaïlande interroger des témoins et victimes. Quand les jeunes découvraient les photos sur lesquelles ils figuraient, ils baissaient les yeux et ressentaient de la gêne. C'était compliqué pour eux d'en parler, raconte un enquêteur.

Quant aux interrogatoires du prévenu, ils ont été pénibles, indique le policier. "Manipulateur", il esquivait ou déviait continuellement les questions, ou cherchait à mettre la faute sur d'autres (la police suisse, les agents thaïlandais, ou même les enfants).

"Un engagement social"

Le prévenu a encore louvoyé face aux questions de la présidente de la Cour Frédérique Bütikofer Repond. Il a décrit les services qu'il rendait à la population, aux familles dans le besoin. C'était "un engagement social, si on veut".

Quand il a construit une piscine chez lui, des jeunes sont progressivement venus s'y baigner. "La nudité, ce n'était pas organisé", les enfants ne portaient pas de sous-vêtements et ils enlevaient leur pantalon avant de sauter dans l'eau, dit le prévenu.

Interrogé par la juge sur ses intérêts sexuels, il répond: "Je me considère comme asexué." Il affirme que c'est après avoir vu les jeunes "jouer" entre eux, notamment en se cachant dans la nature pour le faire, qu'il leur aurait proposé d'aller faire cela chez lui.

Il admet avoir pris des photos. "C'est le déclic de l'appareil, au moment où j'effectuais la photo, qui me procurait une sorte d'excitation." Après, "je ne les regardais plus. Ma plus grande erreur a été de les conserver."

"Ils étaient contents"

Il ne se considère pas comme un pédophile, même si un psychiatre l'a diagnostiqué comme tel. Il admet du bout des lèvres que ce qui se passait "n'était pas correct". "Mais ils avaient du plaisir, ils étaient contents".

Poussé par la juge dans ses retranchements, il concède éprouver de la culpabilité. C'était "une faiblesse" qui "s'est glissée comme ça sur le moment", "presque une sorte de malédiction".

Le prévenu nie avoir fait des vidéos, il nie avoir commis des actes sexuel avec des enfants, et il nie tout échange d'argent. Il réfute aussi avoir été un rabatteur pour des Occidentaux d'âge mûr, et rejette aussi qu'il y ait eu prostitution dans son bar.

Lors de ses interrogatoires dans la procédure, il insistait sur l'idée que c'était une autre culture, différente de la culture occidentale. "Est-ce dans la nature de Thaïlandais d'une douzaine d'années de se sucer le sexe, de se sodomiser ?", tonne la juge. "Je ne veux plus revenir sur ces anciennes histoires", répond-il.

Tribunal compétent

Si le prévenu est jugé à Bulle, c'est parce qu'il est venu y habiter fin 2014. Il s'est enfui de la Thaïlande car il craignait d'y être arrêté dans le cadre d'une enquête de la justice française.

Mardi, la défense remettait en cause la compétence du Tribunal pénal de la Gruyère dans ce dossier. Le prévenu a été acquitté par un Tribunal en Thaïlande en 2014. Son avocat, David Aïoutz, a invoqué le principe "ne bis in idem": nul ne peut être puni en raison d'une infraction pour laquelle il a déjà été acquitté ou condamné.

La Cour a rejeté son argument. Les faits jugés alors et ceux jugés actuellement ne sont pas les mêmes. L'affaire à l'époque ne concernait qu'une victime, durant une période limitée en 2005. La justice dispose désormais de milliers de photos, qui ont permis de découvrir des dizaines d'autres victimes et des abus sur de nombreuses années.

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