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Procès du meurtre d'Adeline: Fabrice A. présente un risque de récidive très important

Fabrice A., jugé depuis lundi devant le Tribunal criminel de Genève, serait un individu sans empathie, mais pas atteint mentalement. Le procureur général a toutefois relevé plusieurs éléments symptomatiques de la personnalité inquiétante de l'accusé.

05 oct. 2016, 19:13
Selon le procureur général, Fabrice A. présente de sérieux risques de récidive.

Fabrice A., jugé depuis lundi par le Tribunal criminel de Genève pour avoir assassiné sa thérapeute, est un individu pervers, sans empathie, mais il n'est pas malade mental. Ce diagnostic a été posé mercredi par deux éminents psychiatres français qui l'ont examiné.

Pour Pierre Lamothe et Daniel Zagury, Fabrice A. est un "kaléidoscope où il y a tout et son contraire". Sa conduite est parfois totalement adaptée, d'autres fois, l'accusé agit avec une crudité absolue. Il a en lui des "préoccupations secrètes" qu'on ne peut pas déceler, ou très difficilement.

Ses relations avec les femmes sont une illustration de cette personnalité clivée: le prévenu les idéalise, mais leur voue aussi de la haine. Il a décrit son ancienne amie polonaise comme la femme parfaite. Mais il voulait aussi lui faire subir les pires sévices, car il estimait qu'elle l'avait humilié en le quittant.

Il présentait aussi Adeline comme une femme sans défaut, pleine de qualités et avec laquelle il entretenait une relation positive. C'est peut-être parce qu'elle était gentille, ouverte et chaleureuse que Fabrice A. l'a choisie, s'est demandé le docteur Zagury. Mais ce côté idéal a aussi généré chez lui des sentiments agressifs.

 

Le fil conducteur des crimes commis par Fabrice A. est le besoin de domination, le fantasme de tenir l'autre à sa merci. Le meurtre d'Adeline et les deux viols aggravés dont il s'était rendu coupable une quinzaine d'années auparavant en témoignent. A chaque fois, il a entravé ses victimes et les a menacées avec un couteau.

Les deux viols ont de plus eu lieu au même endroit, a souligné M. Zagury. "Je pense que Fabrice A. a peaufiné son scénario lors du deuxième viol". Concernant le meurtre d'Adeline, l'égorgement était quelque chose qui était présent dans son esprit avant les faits, a noté le docteur Lamothe.

Le contrôle avant tout

Au centre de réinsertion de la Pâquerette, Fabrice A. s'est notamment passé en boucle une scène du film "Braveheart" dans laquelle une femme ligotée se fait trancher la gorge. Selon les deux experts, il n'a cependant peut-être pas tout planifié lors de sa sortie avec Adeline. Le prévenu peut faire des déclarations à son détriment pour donner l'impression de garder le contrôle.

Quand il a égorgé Adeline, Fabrice A. a éprouvé un sentiment de toute-puissance qui a provoqué dans son cerveau un "orgasme narcissique", selon les termes utilisés par M. Zagury. Cette émotion, le psychiatre la place au-delà de l'orgasme sexuel. "C'est une émotion qui charrie du sexuel, mais pas uniquement".

Risque de récidive

M. Zagury est un spécialiste des tueurs en série. Le docteur n'a cependant pas voulu affirmer que Fabrice A. aurait pu en devenir un. Mais cette hypothèse n'est pas à écarter, car "les ingrédients" sont réunis. L'accusé présente dans tous les cas un risque de récidive très important, aujourd'hui et dans un futur proche.

Le procureur général Olivier Jornot a mené un interrogatoire assez agressif des deux psychiatres, auxquels il reprochait notamment d'avoir omis de faire figurer dans leur expertise des éléments qu'il estimait symptomatiques de la personnalité inquiétante de Fabrice A., comme le fait qu'il repensait à ses viols quand il se masturbait.

Concernant le traitement que pourrait suivre Fabrice A. pour espérer une évolution positive, les psychiatres se sont montrés prudents, tout en indiquant qu'il serait absurde de ne rien tenter. Mais, ont-ils souligné, personne ne pourra aider un pervers qui ne fait pas le premier pas pour participer à son propre changement.

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